© LAURENT THEILLET
Il était 8 h 15 devant la mosquée de Cenon. Un huissier s’est présenté devant l’établissement pour constater la tenue du rassemblement qui devait se tenir dans le quart d’heure qui suit. Illustration patente du conflit entre les deux camps qui se disputent la direction de l’association de musulmans de Gironde (AMG) : la fête de l’Aïd El Fitr, marquant la fin du jeûne du ramadan, se célébrait hier matin dans deux lieux différents.[…]
La mosquée de la rive droite avait fait le plein de fidèles et à 8 h 30, on dénombrait environ 1 500 personnes, réparties entre les étages du bâtiment et la cour extérieure. […] Une demi-heure plus tard au Hangar 14, quai des Chartrons à Bordeaux, la foule, sur son trente-et-un, se pressait pour arriver à temps. Près de 3 000 personnes se sont rendues à la prière de l’imam Tareq Oubrou. Les querelles de direction de l’AMG n’ont pas été évoquées. L’imam a tenu à délivrer un message de paix rappelant que « le conflit, comme la violence n’est pas compatible avec l’islam et l’adoration de Dieu ».
Cour d’appel et nouvelle AG
Cet Aïd bordelais dédoublé intervient donc en plein conflit ouvert entre deux camps au sein de l’AMG. Le 27 novembre dernier, une assemblée générale de l’association était convoquée, AG à l’issue de laquelle Jawad Rhaouti, président depuis 2005, était réélu. L’élection, aux modalités expéditives, est contestée, et deux camps s’installent. Deuxième assemblée générale, deuxième bureau, deuxième président (El Mokhtar Nouri).
Pomme de discorde principale : la composition du collège électoral de l’AMG que veut modifier Jawad Rhaouti, l’estimant trop doté en membres de l’Union des organisations islamiques de France, fédération nationale à laquelle est pourtant rattachée l’AMG. […] En filigrane, deux visions d’une association de musulmans dans la société française d’aujourd’hui.
Après une audience le 12 juin, le tribunal de grande instance validait le 12 juillet le collège électoral légèrement modifié lors des discussions du printemps (modifications insuffisantes pour M. Rhaouti), et enjoignait l’AMG à tenir assemblée. La date du 7 septembre a été arrêtée, à l’Athénée municipal. Mais, dès ce jeudi, la Cour d’appel de Bordeaux statuera sur l’affaire à la demande d’un collectif proche de Jawad Rhaouti et déjà partie civile lors de l’audience de juin. Le feuilleton n’est pas fini.
