Par Charles Sannat, Chargé d’affaires à BNP PARIBAS
Aujourd’hui, il faut que je vous parle de notre Christine Lagarde nationale. Avec elle, on est soulagé, aucun problème sexuel n’est à prévoir. Elle n’est pas comme son prédécesseur, notre Christine. Cela dit, ce qui fait peur avec Dame Christine, ce n’est pas sa libido, ni ses frasques, non, ce sont ses bourdes qui inquiètent l’élite mondialiste.
Bon, c’est vrai qu’il faut être un peu coupé des réalités du quotidien de M. et Mme Toutlemonde pour dire, quand le baril de pétrole est à 150 dollars, que si l’essence est trop chère, les gens n’ont qu’à prendre leur vélo.
Cela dit, il faut savoir reconnaître à ce gouvernement une belle constance dans les sujets de santé publique. Avec les gouvernements 1, 2, 3 soleil (on ne sait plus où on en est du nombre de gouvernements Fillon), eh bien notre santé est un sujet crucial. Le soda fait grossir. On taxe. L’essence est trop chère (sans doute à cause des taxes) : on propose aux Français de faire du vélo (hors taxe), c’est bon pour la ligne. A ce rythme, nous deviendrons une nation anorexique de sportifs en pleine santé… un peu comme notre croissance… anémique.
Bref, revenons à Dame Christine. Je cite l’article :
“Christine Lagarde, a détonné lors du très officiel symposium des banquiers centraux, organisé chaque été à Jackson Hole.”
Dès la première phrase, il y a un truc qui me chiffonne. Christine détonne ! Lol ! Il n’y a pas plus conventionnel que Christine. Passons.
“Les développements de cet été ont montré que nous sommes dans une nouvelle phase dangereuse. Les enjeux sont clairs : nous risquons de voir la fragile reprise dérailler. Nous devons donc agir maintenant.” Avec ce discours “franc“, selon le Wall Street Journal, Christine Lagarde a enfin mis sur la table le sujet qui concernait le plus les banquiers centraux, estime le Financial Times.
Attention, hein !!! Christine met carrément les pieds dans le plat en parlant de la croissance qui décroît. Il faut dire que Christine, la croissance, c’est un sujet qu’elle maîtrise parfaitement. Souvenez-vous c’est elle qui la première, pour la première fois au monde, que dis-je dans l’univers, a conceptualisé (n’ayons pas peur des mots) l’idée de “Croissance Négative” qui permet d’éviter le gros mot “Récession“. Pour le plan d’action, on attend encore. Et l’article de poursuivre avec le plus intéressant :
“D’autant plus que la directrice du FMI n’a pas hésité à aborder un sujet tabou : l’éventuelle recapitalisation des banques privées européennes, fragilisées par leurs emprunts aux États en difficulté. Si cette recapitalisation n’avait pas lieu, “nous pourrions voir la crise s’étendre à des pays centraux, ou même assister à une crise de liquidité“. Des mots d’une force inhabituelle dans le cénacle des banquiers centraux, habitués aux circonlocutions oratoires“.
Là, effectivement, Christine fait très fort. Elle enfonce une deuxième porte ouverte. Bon, tout le monde a remarqué que la croissance avait une fâcheuse tendance à vouloir redevenir négative. Pour les banques, seuls les autistes veulent continuer à croire que “tout va bien Madame la marquise.” D’ailleurs les marchés sont bien au courant, puisque les cours des sociétés financières ont été massacrés durant le mois d’août.
Donc, rien de grave alors dans les propos de Dame Lagarde… eh bien, d’après le Financial Times qui relaie les critiques, anonymes, de plusieurs banquiers centraux européens, si, c’est grave. D’ailleurs, “Plusieurs officiels, inquiets que les déclarations de Lagarde puissent effrayer les investisseurs, disent qu’ils prévoient de la pousser à clarifier sa position“, écrit le quotidien économique. “L’idée que nous pourrions avoir un problème de liquidités en Europe” est “totalement fausse“, a même déclaré Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne.
Alors, pourquoi une telle réaction de la part de l’élite bancaire et financière, alors que somme toute, Dame Christine vient juste de parler de choses dont les marchés sont au courant ? Eh bien, le problème n’est pas de faire peur aux marchés (ils savent se faire peu tout seuls) ; non, le problème, c’est de risquer de faire peur aux peuples. A nos fameux M. et Mme Toutlemonde en France et Mister Everybody aux États-Unis.
C’est eux qui doivent être maintenus dans l’ignorance la plus totale car c’est eux, à travers leur épargne, qui servent de contrepartie à ces Messieurs de l’élite financière. Il ne faut pas affoler le troupeau de moutons. On n’a pas fini de le tondre. Il en reste encore un peu. Alors, Dame Christine, tout va bien et fermez-là. Circulez il y a rien à voir.
Ha, avant de vous quitter, il paraît, d’après certaines rumeurs infondées, qu’il ne s’agirait pas d’une crise de liquidité, mais d’une crise de solvabilité, en ce qui concerne les banques.
En termes encore plus simples, vu du bistrot éco d’en bas, eh bien une crise de solvabilité, ça veut dire une faillite…. allez Dame Christine, encore un effort et vous direz enfin la vérité.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je les vois tous vouloir faire taire ma Dame Christine, et bien je me dis qu’il est temps de fuir… les banques!