Fdesouche

La France manque cruellement d’entreprises de taille moyenne et intermédiaire.

Proportionnellement à l’Allemagne, nous avons un déficit de 15 000 entreprises de plus de 50 salariés. La situation est particulièrement dégradée pour les ETI, les entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 5 000 salariés). Elles étaient à peine 5 000 en 2008. Du fait de la crise, la France n’en compte plus que 4 200. Et encore, plus de la moitié relèvent des services et de la distribution, et les plus beaux fleurons dans l’industrie sont souvent des filiales de groupes étrangers.

Comparé à l’Allemagne, il nous manque en France au moins 5 000 de ces ETI. A 300 salariés en moyenne par entreprise, cela fait un trou de 1 500 000 emplois, sans compter les emplois induits. Des chiffres à rapprocher du niveau du chômage structurel dans l’Hexagone…

Comment expliquer ce déficit ?

On ne peut esquiver les arguments sur la fiscalité et la législation sociale qui décourageraient la croissance de la taille des entreprises. Nombre de chefs d’entreprise s’efforcent en effet de ne pas franchir la barre des 49 salariés à cause des effets de seuils : ils ne veulent pas être confrontés à un alourdissement des charges sociales, à la mise en place d’un comité d’entreprise et à celle de la participation des salariés aux bénéfices de l’entreprise.

Mais il est aussi un autre plafond de verre, autour de 75 salariés : celui où le dirigeant aurait besoin de se doter de compétences plus coûteuses pour l’aider à gérer une entreprise plus complexe. Dans bien des cas, une rentabilité insuffisante, mais aussi une formation initiale trop modeste limitent son ambition.

Il y a donc aussi des raisons culturelles à la faiblesse de notre tissu d’entreprises et en particulier l’incapacité de nos filières d’enseignement supérieur à engendrer des entrepreneurs disposés à prendre des risques. Ni notre culture ni notre système de formation ne valorisent l’ambition entrepreneuriale. Cette défaillance est criante au sein des très grandes écoles : moins de 5 % de leurs diplômés créeront un jour une entreprise digne de ce nom ! C’est l’un des pourcentages les plus faibles des pays avancés.

Nos filières d’élite forment des managers, des hauts fonctionnaires, des experts, qui préfèrent les parcours balisés, sécurisés et bien rémunérés des grandes entreprises, de la finance et de la haute administration. Les PME françaises ont d’ailleurs bien du mal à les attirer. Quant aux quelques entreprises de haute-technologie ou sociétés Internet qui atteignent une taille moyenne, elles finissent trop souvent revendues à des grands groupes, de préférence étrangers.

Pour le grand économiste Joseph Schumpeter, le profit était certes la règle du jeu capitaliste, mais pas l’objectif essentiel du vrai entrepreneur qui est d’abord un véritable aventurier. Mais visiblement, les élites françaises ont du mal à sortir des sentiers battus…

Alternatives Economiques

Fdesouche sur les réseaux sociaux