Une immense fourmilière où on vient par millions s’écraser allégrement. « C’est l’événement le plus serein qui soit, sourit pourtant Patrick Goldstein, le patron du SAMU du Nord.
Il y a très peu d’accidents ou de malaises. » Allez, en Nordistes hospitaliers, et si on accompagnait James B. jusque dans sa paranoïa et sa phobie ? Pour le rassurer, on a au moins besoin d’un expert des zones de guerre. « Allo, docteur Régis Garrigue ? » Crise de fou rire du patron de l’ONG Help Doctors. Cette fois, pas besoin de sortir la mallette utilisée à Gaza ou à Ramallah. Mais bon, tout de même, quelques conseils utiles.
« Le problème des non-Nordistes réside notamment dans la dégustation des bières, s’amuse le praticien. Une mousse de chez nous et un demi à Paris n’ont pas la même puissance. Une bière chti, c’est souvent beaucoup plus fort. » Que James B. grave bien l’info sur sa tablette (numérique) ! S’il se retrouve, à un moment, avec les genoux trop lourds, ce sera peut-être parce qu’il aura eu le coude trop léger.
Cotte de mailles
Les moules tord-boyaux ? Là, Régis Garrigue insiste pour régler son compte à une injustice. La loupe high-tech et le microscope électronique, James B. ne devra pas les braquer sur les coquilles. « Le souci vient généralement des mains du cuisinier, met en garde le soignant. S’il a des pansements ou un beau panaris, alerte rouge ! » Mmmm, la mayonnaise suintant directement des plaies…
Pas de bonne paranoïa, sans angoisse sécuritaire. Dans quelle tenue – pour ne pas dire, quelle cuirasse – remonter les artères gorgées de monde au plus fort de la nuit ? « D’abord, de bons godillots !, rigole un policier de choc. Une paire de chaussures de sécurité. Et attention ! La bonne pointure. Sinon, on se fait écraser les orteils ! » Les pickpockets ? Bannir les sacs à main, les sacoches qui volent au vent, les portefeuilles dans la poche revolver. En tout cas, pas de danger pour James B., puisqu’il compte enfiler un pantalon cotte de mailles… « On lui conseille de se coudre les poches ! », pouffe une policière. Avec du fil de fer ?
Reste maintenant l’autre angoisse. Comment ne pas perdre ses enfants dans la marée humaine ? « Déjà en évitant de les emmener ! », se gausse un policier. Sinon, on peut proposer à James B. la laisse en fil de fer barbelé avec clochettes fumigènes. D’autant qu’avec tout cet attirail, James B. bénéficiera d’un bonus. Casque lourd, gilet pare-buffle, bambins tenus au lasso… Notre touriste ne risquera pas d’être écrasé par la foule. Tout le monde se tiendra à bonne distance. Histoire de ne pas louper la photo de la plus belle attraction de la Braderie.