Par Eberhardt Unger
L’augmentation du plafond de la dette par le Congrès américain n’a pas suscité de commentaire particulier de la part de la Chine, le plus grand créancier de l’Amérique. Mais la prolongation de la politique d’intérêt zéro (ZIRP) pour deux ans de plus a particulièrement attiré l’attention des pouvoirs publics.
La politique de taux 0% (ZIRP) pratiqué par les Etats-Unis sur ces derniers 32 mois a eu pour résultat que les investissements chinois en bons du Trésor n’ont rien rapporté. Pourtant on pouvait espérer que la Banque centrale américaine, comme l’a fait la BCE, relèverait ses taux d’intérêt directeurs une fois la crise économique et financière passée. Aujourd’hui, cette espérance s’avère n’avoir été qu’une illusion.
Le ministère américain des Finances estime que la Chine détient pour 1 160 milliards de dollars en bons du Trésor US. Seule la Fed elle-même en détient plus que la Chine. Depuis octobre, la Banque centrale chinoise (PBoC) n’a plus acheté de bons du Trésor et elle a même réduit le montant détenu d’environ 15 milliards de dollars.
Le Japon est le deuxième plus important détenteur étranger et, contrairement à la Chine, a poursuivi ses achats de bons du Trésor, même sans intérêts. Cependant, le Japon est un cas particulier du fait que le pays lui-même pratique une ZIRP depuis 20 ans déjà et qu’il est intéressé par une dévaluation de sa monnaie, toujours surévalué par rapport au ralentissement attendu de l’économie mondiale.
Pour la PBoC, il va même devenir plus difficile de continuer sa politique des taux de changes. Avec le Managed Float, le cours du yuan est continuellement maintenu dans un étroit couloir par rapport au dollar et n’admet ainsi qu’une réévaluation très limitée à l’égard de l’USD (voir ligne bleue du graphique). Le dollar vaut maintenant 6,425 yuans, cours le plus bas depuis 17 ans.
A présent que les taux américains ont baissé (ligne rouge du graphe pour le rendement à 2 ans), le dollar est encore moins attractif et ainsi renforce la pression pour une réévaluation du yuan. La presse chinoise n’hésite pas à remettre en question le statut du dollar en tant que principale monnaie de réserve du monde. Mais d’un autre côté, il ne faut pas s’attendre à ce que la Chine vende tous ses bons du Trésor, car où pourrait-elle investir ses 3 200 milliards de réserve en devises ?
Conclusion : un ralentissement de l’économie mondiale va pénaliser les exportations chinoises et va freiner la réévaluation du yuan. Cela pourrait encourager les tendances protectionnistes.
(Merci à Eisbär)