Deux semaines avant l’érection du mur de Berlin, un journaliste posa une question embarrassante à l’homme qui était à l’époque le secrétaire général du parti communiste est-allemand, Walter Ulbricht. Ce dernier commença par déformer la question du journaliste d’une manière absolument éhontée, avant d’y apporter une réponse négative restée célèbre dans l’histoire. “Personne, dit-il alors, n’a l’intention d’ériger un mur.»
Voici le texte complet de sa réponse. “Je comprends votre question comme ceci : qu’il y a des gens Allemagne de l’Ouest qui souhaiteraient nous voir mobiliser les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c’est bien cela ? Euh, je ne suis pas au courant d’un tel plan, et d’ailleurs dans la capitale (Berlin-Est, ndlr) les ouvriers du bâtiment s’occupent principalement de la construction de logements, et leur force de travail est entièrement utilisée à cela. Personne n’a l’intention d’ériger un mur.” (On croirait entendre Nicolas Sarkozy : ” Personne, je dis bien personne… ” Mais je m’égare.)
Vous pouvez trouver la version originale de ce texte ici, et l’enregistrement de cette réponse historique, là:
Aujourd’hui, je n’ai pas pu empêcher de repenser à cette anecdote en lisant les commentaires de la chancelière Merkel. Je reproduis ici le début d’une news de Reuters :
14:05 05Sep11 RTRS-Merkel: any euro exit could cause dangerous dominoes
BERLIN, Sept 5 (Reuters) – Germany Chancellor Angela Merkel said on Monday that she did not think any country would be leaving the euro zone and any such move could cause a dangerous “domino effect.” “From a technical and legal point of view there is no possibility at all. But I’m also not thinking about that possibility because we could trigger a domino effect that would be extraordinarily dangerous to our currency system,” she told a news conference….
Est-il bien vrai qu’Angela n’ait aucune intention d’éradiquer l’euro ? Vous êtes certainement au courant des rumeurs qui circulent entre taux outre-Rhin sur la possibilité d’une réintroduction par le gouvernement du mark allemand, c’est-à-dire d’une sortie de l’Allemagne de la zone euro.
Le site MMNews rapporte, comme émanant d’une source qu’il prétend sûre, l’existence d’un groupe de travail chargé d’analyser la question de cette possible sortie de l’euro. L’ordre de faire cette étude émanerait directement du ministre des finances lui-même. Selon la source citée par le site, le gouvernement souhaiterait tenter encore de maintenir en vie la monnaie unique jusqu’à la fin de l’année ; il n’exclurait toutefois pas, si les événements de marché devaient l’y contraindre, de procéder auparavant.
Tout serait-il donc prêt ? Un internaute masqué a prétendu voici quelques jours avoir vu les nouveaux billets. Voir : ici, (vers le bas de la page, commentaire du 1er Septembre à 3 heures 07 PM).
Les dénominations des coupures paraissent plausibles, son affirmation sur l’utilisation d’encre spéciale est une rumeur récurrente, que sa présence puisse être effilée dans les nouveaux billets aussi.
Ce sont donc les événements de marchés qui constitueront l’événement déclencheur d’une décision à laquelle, prétend la chancelière, personne ne pense. Or, qu’en est-il ? Vous vous souviendrez qu’il y a encore cinq semaines, la hausse des rendements des emprunts d’État italien et espagnol créait la panique parmi les dirigeants européens. Voici quatre semaines, la Banque Centrale Européenne se décidait donc à racheter de grandes quantités de ces emprunts, afin d’empêcher leur taux de rendement de déraper d’une manière irréversible.
L’opération semble avoir fonctionné assez bien au début, puis moins bien, et aujourd’hui encore moins bien : ce sont ce soir quelque 70 % des effets de cette action qui sont effacés ce soir. Il semble que la digue se soit fissurée. Rumeurs, maintenant : la semaine dernière les négociations entre le gouvernement grec et les autorités européennes auraient abouti à une impasse. Aujourd’hui, les marchés bruissaient d’une possible dégradation de l’Italie. Les autorités européennes, le gouvernement allemand, ont-ils encore une chance d’éviter la catastrophe avant la fin de l’année ? Il faudrait qu’ils aient beaucoup de chance…