Fdesouche


© Frédéric SPEICH

Les armes factices, à l’apparence bien réelle, ont désormais pignon sur rue […]

Désormais, dans les magasins de jouets, ce sont les armes qui tiennent la vedette. Et pas le petit pistolet à eau vert fluo en plastique ou la carabine à fléchettes. Non, aujourd’hui, c’est du lourd. Du Sig Sauer, de la kalach, du Famas… plus vrais que nature. Des rayons entiers, des vitrines remplies donnant directement sur la rue, aux côtés de peluches inoffensives. Désormais, la réplique, on ne la cache plus. On la vend et bien.

On n’arrête pas, ça part comme des petits pains“, se réjouit-on chez Alcalay, un des plus vieux magasins de jouets de Marseille, rue de la République, en précisant que certaines armes étaient exclusivement réservées au plus de 18 ans. “Mais si c’est vous qui l’achetez, après vous en faites ce que vous voulez”, glisse, néanmoins, une des vendeuses, avant de mettre un sac supplémentaire pour cacher la kalachnikov payée 80 euros car “c’est interdit de marcher avec dans la rue !”

Donc, désormais, en sortant d’un magasin de jouets, on a la drôle d’impression de sortir d’une armurerie. Le numéro de l’arme a été inscrit sur un registre à côté de l’identité de l’acheteur. “C’est utile, surtout pour la police, confie-t-on chez Alcalay. Pour la traçabilité de l’arme. Il paraît que certains s’en servent pour des braquages… ” Et oui ! Si leur vocation première est censée être ludique ou orner les murs de collectionneurs, la mission parlementaire d’information sur les armes a noté, qu’en 2009, la moitié des “petits” braquages avait été perpétrée au moyen de ces “jouets”.

Cette évolution pour le moins inquiétante avait déjà été pointée par différents services de police qui dénonçaient l’apparition de répliques très réalistes de nature à tromper même les fonctionnaires les plus avertis. “Alors si la police ne voit rien, comment nous, on pourrait savoir ?, s’offusque une mère de famille, indignée que Winnie l’Ourson vive au milieu d’un véritable arsenal. Il faudrait tout de même réglementer la vente de ces choses”.

“Il faudrait alors tout réglementer, rétorque Tony, patron de Scormania, rue de Rome.[…] Ils sont interdits aux moins de 18 ans, mais après… C’est une question d’éducation. Moi, je n’ai jamais acheté une arme à mon fils !” “C’est vrai qu’on en vend plus qu’il y a quelques années. Mais c’est un phénomène de mode tout ça, minimise Laurent. Après tout, il vaut, peut-être, mieux être braquéavec une fausse arme qu’avec une vraie“.

Sauf que leur “prolifération” dans les vitrines contribue à leur banalisation ! “De tout petit, on s’habitue à voir des armes, regrette un policier. Ce n’est plus tabou. Elles sont facilement accessibles aux petits délinquants qui n’ont pas encore les moyens de se procurer un vrai calibre. Mais il faut savoir que le code pénal ne fait pas la différence entre un vol commis avec une arme réelle ou factice”.

Vingt ans de réclusion criminelle encourus… et le risque de se faire tuer, avec des balles réelles cette fois !

La Provence

Fdesouche sur les réseaux sociaux