Le Point : Vous avez été bousculé par des propos sexistes et racistes d’auditeurs de Sud Radio. N’y a-t-il pas un problème de filtrage des appels sur la station ?
Robert Ménard* : Mais je n’ai pas envie que les auditeurs soient filtrés ! Je vois que RMC prétend choisir ses auditeurs et ses thèmes. On ne veut pas faire du RMC. […]
Mais ce dialogue est impossible en France, car il tombe sous le coup de l’une des législations les plus dures d’Europe.
Est-ce qu’il y a, en France, moins de propos racistes dans la rue, car une loi interdit le racisme ? Si c’était efficace, ça se saurait !
[…]
Attendez, quand on laisse entendre que DSK a échappé à son procès pénal parce qu’il est soutenu par le lobby juif, on est quand même en plein dans l’antisémitisme, là…
Il y a plein de gens qui pensent ça ! Il y a trois façons de réagir. La première, c’est de dire : “Ça n’existe pas.” La seconde, c’est de refuser de le voir et on rêve alors d’un peuple vertueux qui n’est pas le nôtre. Je suis partisan d’une troisième voie : on prend les gens tels qu’ils sont et on essaie de comprendre. Ce n’est pas faire l’apologie du racisme que de dialoguer avec des gens ordinaires. Souvent, ceux qui tiennent des propos racistes ne le sont pas vraiment. Simplement, ils souffrent, ils sont malheureux et tapent sur un bouc émissaire.
Je suis contre le fait que le CSA s’érige en grand prêtre de ce qui est acceptable et ne l’est pas.
Ainsi, il condamne Sud Radio en 48 heures sans même nous entendre. Mais quand Jean-Michel Larqué, sur RMC, le 12 août, tombe dans la caricature sur l’argent et les juifs à propos d’Arsenal, je ne vois pas le CSA se précipiter. Aucune décision n’a été rendue à ce jour. Deux poids, deux mesures. Au CSA, ce sont des faux culs de première !