Bernard Guetta, estime que dix ans après le 11 septembre 2001, il y a apparition d’un islamisme avec lequel l’Europe et les Etats-Unis peuvent dialoguer.
Ce jour-là, les prophètes de la «guerre des civilisations» semblaient avoir eu raison mais tout le dément aujourd’hui.
Le retournement est complet. Il y a dix ans cette semaine, à l’heure où s’écroulait la seconde des tours jumelles, le Rotary club d’un des pays arabes les plus pro-occidentaux finissait son déjeuner annuel. […]Verres levés, riant, se congratulant, ils ont trinqué à une fierté retrouvée […]
Le monde a frôlé une tragédie mais, à force de ne savoir que tuer et de tuer bien plus de musulmans que d’Occidentaux, les jihadistes se sont isolés des jeunesses arabes dont ils n’ont pas vu arriver la nouvelle génération, formée par la liberté d’Internet et aussi peu attirée par le jihad que résignée aux dictatures.
Ce n’est pas seulement que l’état de droit soit l’aspiration de cette génération. Ce n’est pas seulement qu’elle ait déjà fait tomber trois potentats et que son ascension n’ait fait que commencer. C’est aussi qu’elle a réduit les jihadistes à ce qu’ils sont, une survivance toujours menaçante mais marginalisée, et qu’elle a fracturé, surtout, la mouvance islamiste qui ne peut plus espérer peser qu’en choisissant la voie turque et se rapprochant de l’Europe. Précipité par le soutien de l’Otan aux insurgés libyens, ce processus est en marche. Il a de vraies chances d’aboutir et c’est pour cela que lentement, discrètement, dix ans après le 11 Septembre, un dialogue s’amorce entre l’Occident et les islamistes.