Micheline Calmy-Rey était à l’Université de Lausanne (UNIL), mercredi, invitée par sept associations. La présidente de la Confédération s’est exprimée devant un auditoire fourni qui l’a chaleureusement applaudie à son arrivée, quelques heures après l’annonce de sa démission. «Je suis convaincue que la voie bilatérale a un avenir. Je suis convaincue que ce sera extrêmement difficile, mais le statu quo n’est pas une option», a déclaré la cheffe de la diplomatie suisse.
Nouvelles négociations
«Nous sommes à l’aube de nouvelles négociations qui seront extrêmement délicates», a poursuivi Micheline Calmy-Rey, en soulignant que la voie bilatérale «nous convenait bien». Elle a répété que la Suisse refusait toute automaticité dans la reprise de l’acquis communautaire et avait proposé à l’UE des solutions qui ne péjoraient pas la souveraineté helvétique. «ça peut paraître utopique», a lancé la conseillère fédérale, mais la Suisse estime qu’elle devrait même pouvoir voter dans des comités techniques communautaires. Si Berne participe à l’élaboration de textes et peut faire valoir son point de vue, ces législations seront d’autant plus faciles à reprendre ensuite en Suisse.
Impôt libératoire
Micheline Calmy-Rey n’a cependant pas caché que certains interlocuteurs européens lèvent les bras au ciel quand ils entendent ce genre de propos et se demandent pourquoi l’UE devrait en faire autant pour la Suisse. La présidente a esquissé à cet égard un parallèle avec la solution de l’impôt libératoire (Rubik) qui «est en train de faire école». Des responsables gouvernementaux «m’ont approchée» lors de la Conférence à Paris sur la Libye en se disant très intéressés par cette solution. «Ils ont des soucis d’argent» certes, mais cela montre que l’on peut résoudre des problèmes dans l’intérêt «mutuel» de chaque partie.
Expliquer la politique étrangère
Plus généralement, hormis la question européenne «qui nous hante, nous tourmente», Micheline Calmy-Rey a dit «regretter» de ne pas avoir pu assez montrer l’importance à la population suisse de la politique étrangère. «C’est ma passion d’expliquer ce que je fais», a-t-elle déclaré. A ses yeux, la Suisse doit absolument consacrer davantage d’efforts et de moyens à défendre «son influence sur la scène internationale», car cela a des répercussions sur la vie intérieure de la Suisse et sur son image. «Vous n’imaginez pas les dégâts en politique étrangère» du vote sur les minarets. Avant la Suisse «était une référence», après «on ne nous comprenait plus. ça nous a coûté beaucoup d’énergie» pour expliquer que la Suisse n’était pas devenue l’ennemie de la civilisation islamique. «Le repli sur soi, c’est ça qui nous fait souci». […]