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Pour l’agence, la rigueur ne fait qu’augmenter les déficits. La solution réside dans une politique expansionniste.

«Le durcissement prématuré de la politique budgétaire met en péril la reprise mondiale.» A l’heure où nombre de pays s’engagent sur la voie de la rigueur, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) met en garde contre les effets dévastateurs que peuvent avoir les politiques d’austérité sur la relance économique et l’emploi.

Si l’agence onusienne s’inquiète d’une croissance mondiale à bout de souffle – elle pourrait même tomber à 1,5% en 2012 selon ses prévisions –, elle s’oppose aux coupes budgétaires comme remède à la crise économique actuelle.

Dans son rapport annuel sur le commerce et le développement rendu public mardi à Genève, la Cnuced estime «que la réduction des dépenses budgétaires pourrait entraîner une baisse des recettes publiques supérieures aux économies obtenues par les mesures de compression budgétaire, ce qui aurait des conséquences néfastes sur la viabilité à long terme des finances publiques et de la dette». En d’autres termes, la réduction des dépenses se répercuterait directement sur la consommation des ménages et se traduirait, inévitablement, par une diminution des recettes fiscales et une augmentation du déficit budgétaire.

Pour Heiner Flassbeck, directeur de la division pour la mondialisation et auteur du rapport, «la situation est dangereuse et pourrait conduire à deux décennies perdues sur le plan économique». Selon lui, l’exemple de la Grèce est suffisamment parlant. «Deux ans après les premières coupes budgétaires, l’économie grecque se trouve toujours en récession et son déficit ne cesse de s’agrandir», a-t-il martelé.

Présent lors de la présentation du rapport, Supachai Panitchpakdi, secrétaire général de la Cnuced, en a profité pour rappeler, quant à lui, l’exemple asiatique. «A la fin des années 1990, s’est-il souvenu, les réductions de dépenses demandées à la Thaïlande et à d’autres pays asiatiques par le Fonds monétaire international ont conduit à une nette contraction de l’activité.»

Face aux journalistes, Supachai Panitchpakdi a dit regretter que «les pays recourent à des mesures d’austérité juste pour plaire aux marchés et recevoir la meilleure note possible de la part des agences de notation». Selon le rapport, le «comportement irresponsable de nombreux acteurs des marchés financiers privés ayant entraîné l’intervention coûteuse des pouvoirs publics pour éviter l’effondrement du système financier, l’opinion publique et les décideurs ne devraient plus faire confiance à ces institutions pour juger ce qui constitue des politiques macroéconomiques judicieuses».

Les gouvernements auraient donc pris le problème à l’envers. Selon la Cnuced, la hausse du niveau d’endettement public au cours des dernières années serait donc une conséquence de la crise financière plutôt que sa cause. «Dans plusieurs pays développés, les opérations de sauvetage des institutions financières menées par les pouvoirs publics ont contribué pour une grande part au déficit, sous l’effet de la conversion de la dette privée en dette publique», affirme le rapport.

Pour l’agence onusienne, seule une politique expansionniste serait capable de «stimuler la demande, entraîner une hausse des revenus du secteur privé et générer des recettes budgétaires plus élevées». Des pistes sont même évoquées. Les augmentations des dépenses – infrastructures, transferts sociaux ou subventions ciblées aux investisseurs privés – seraient plus efficaces que les réductions d’impôts pour stimuler l’économie, «parce qu’elles conduisent directement à la création d’emplois, à la consommation et à une hausse de la demande».

Le Temps

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