La Grèce, tremplin des immigrants clandestins en Europe, ne joue plus seulement son avenir avec l’euro. Bruxelles s’apprête à proposer une nouvelle règle du jeu pour l’espace sans passeport de Schengen, avec à la clef la possibilité de suspendre tout pays durablement incapable de protéger son secteur de frontière européenne.
[…] La mise en quarantaine, pour six mois, voire plus, pourrait s’appliquer à chacun des vingt-cinq pays de Schengen. Cecilia Malmström, commissaire aux Affaires intérieures, l’évoquera comme un scénario catastrophe, une hypothèse strictement dissuasive.Reste que l’épée de Damoclès pèse d’abord sur Athènes. Le pays, en pleine déconfiture budgétaire, affecte d’autant moins de crédits aux contrôles des clandestins qu’il n’est pas leur destination finale, mais un point de passage vers le cœur de l’Europe. L’an dernier, plus des trois quarts des clandestins parvenus dans l’UE sont entrés par la Grèce, selon des chiffres officieux. «D’autres pays de débarquement comme l’Espagne ont réussi à inverser la tendance, relève un diplomate. Le gouvernement Papandréou paie de longues années de négligences.»[…]
La Grèce, dotée (avec la Turquie) d’un voisin peu regardant sur les clandestins et de confins compliqués par les archipels, reçoit déjà une aide insistante de ses partenaires européens. Elle absorbe chaque année des centaines de millions d’euros de crédits afin de mieux surveiller sa frontière. Frontex, l’agence européenne, y multiplie les missions d’assistance. «L’Europe continuera, mais il revient à Athènes de prouver qu’elle ne relâche pas l’effort», ajoute le diplomate.[…]