La presse nord-américaine reste traumatisée par la chute de Lehman Brothers. Elle s’alarme de la crise bancaire européenne, craignant une réplique du séisme de 2008 et ses potentielles conséquences pour les épargnants outre-Atlantique.
Ce mardi, le Wall Street Journal a publié une tribune (“The problem with French banks ») dans laquelle une source anonyme déclare que BNP Paribas rencontrerait des problèmes pour se financer en dollars. Une information formellement démentie par l’établissement français. La presse nord-américaine s’alarme de la crise européenne, craignant l’impact de la faillite d’un mastodonte bancaire pour les marchés et les épargnants outre-Atlantique.
Un véritable Frankenstein
Animateur de l’émission “Mad Money » sur la chaîne de télévision économique américaine CNBC, Jim Cramer dirige aussi le site TheStreet.com. Comme dans son programme, le présentateur vedette ne prend pas de gants pour décrire la tension régnant sur les marchés financiers en raison de l’exposition des banques européennes à la dette souveraine grecque : “Nous savons qu’un Lehman européen plane sur nous ». Ou, plutôt, un Frankenstein bancaire rassemblant les forces mais surtout les faiblesses d’un “Lehman/Bear/Merrill/Washington Mutual/Wachovia/Citigroup », avertit Cramer. Deuxièmement, “ils n’ont aucun dispositif pour gérer » cette crise, ajoute-t-il. Troisièmement, “on ne sait même plus à qui l’on se réfère quand on ‘les’ évoque. S’agit-il des Allemands ? Des Français ? Du FMI ? De la Banque centrale européenne ? De Trichet ?” “Quatrièmement, il est trop tard pour que les banques lèvent des capitaux »… Bigre.
Wall Street réduit “discrètement » son exposition à l’euro-zone
“Les investisseurs commencent à se méfier des banques européennes », avance le New York Times. Les investisseurs européens “se démènent pour abandonner leurs participations dans les banques françaises », remarque le quotidien new-yorkais. Il ajoute qu’outre-Atlantique, “des banques, des maisons de courtage et d’autres institutions financières américaines réduisent aussi discrètement leur exposition ». Ces institutions américaines “refusent de nouvelles demandes de prêt en provenance de la zone euro et sont à la recherche d’investissements alternatifs ». Le New York Times se réfère à une étude de JPMorgan selon laquelle en août, les “fonds monétaires américains et d’autres établissements de crédit à court terme ont choisi de ne pas refinancer l’équivalent de 50 milliards de dollars de dette émise par des banques européennes ». Ouch !
Extraordinairement bon marché… et dangereuses
Le quotidien canadien The Globe and Mail prévient ses lecteurs avides de sensations fortes : “Les actions bancaires européennes semblent extraordinairement bon marché et extraordinairement dangereuses pour des investisseurs tentés par leurs faibles valorisations », écrit ce mardi Nicolas Johnson. “BNP Paribas et Société Générale s’échangent moins de quatre fois leurs bénéfices, bien moins » que leurs consœurs canadiennes dont le PER (Price earning ratio) s’élève en général au dessus de 10 !
Le “come back » du Deutsche Mark
Sur son site, le magazine Forbes informe ses lecteurs que la crise bancaire européenne “pourrait faire des ravages » dans leur épargne investie en valeurs mobilières. Forbes, qui n’hésite pas à évoquer la sortie de l’Allemagne de la zone euro et “l’émission d’un nouveau Deutsche Mark », encourage même ses lecteurs “disposant de larges dépôts » bancaires à “répartir leurs actifs » dans plusieurs banques jouissant d’une bonne réputation. Ainsi, ils seront couverts par la garantie fédérale sur les dépôts individuels en cas de faillites bancaires en cascade.
En fait, “tout » dépend du scénario
Sur la chaîne économique CNBC, un animateur rappelle qu’en 2008, “les banques américaines affirmaient être suffisamment capitalisées et quelques semaines plus tard, elles se sont tournées vers les marchés pour lever des capitaux ». L’un de ses invités, directeur en charge des services financiers chez Standard & Poor’s à Paris, Scott Bugie, se veut rassurant en indiquant que les “banques européennes sont plutôt bien capitalisées » et qu’après avoir levé des milliards d’euros et cédé des actifs risquées, elles sont mieux “positionnées » qu’en 2008. Mais “tout dépend du scénario », prévient l’analyste, ajoutant que la relative robustesse qu’il constate n’est pas “uniforme » parmi les banques européennes.