Restructuration, non-respect de la laïcité, crise de l’euro : le personnel hospitalier se divise et se tourne vers l’extrême droite. (…)
Le personnel hospitalier a changé ces dernières années. Il y a trente ans, à l’hôpital, il y avait surtout des Bretons, des Normands et des Antillais (…)
Puis, il y a eu des Portugais et des Espagnols « avec la même culture chrétienne ». Depuis, une dizaine d’années, des jeunes issus de l’immigration, d’origine africaine ou maghrébine, ont commencé à être embauchés à l’AP-HP.
L’hôpital a toujours été un lieu de mixité, les nouvelles arrivées ne dérangent pas. Mais depuis quelques années, des tensions apparaissent et des clans se forment. (…)
Au centre de long séjour de Louis-Mourier, les conditions de travail sont particulièrement difficiles:
Pas un jour ne se passe sans un incident communautaire. Une infirmière du Cap-Vert engueule une Portugaise (lui rappelant les désastres de la colonisation). Une autre traite une infirmière de singe.
Les aides-soignants d’origine maghrébine pestent contre les congés bonifiés des Antillais. Les Domiens s’énervent du rythme de travail amoindri de ceux qui font le ramadan.
D’autre part, côté patients, la laïcité est de plus en plus bousculée au sein de l’hôpital. C’est sans doute la cause de ras-le-bol numéro un, qui finit par se répercuter sur les relations entre les personnels d’origines différentes.
Il y a des conflits avec des conjoints, qui ne veulent pas que leurs femmes se fassent soigner par une femme noire – par racisme – ou un homme. (…)
A la maternité, on voit arriver de plus en plus de femmes voilées des pieds à la tête, ce qui inquiète les infirmières, et « des Témoins de Jéhovah qui ne veulent pas de péridurale », explique une syndicaliste de la CGT.
Maryse, aide-soignante martiniquaise, toute petite avec un chignon grisonnant :
« On entend beaucoup dire : “Il faudrait que Marine Le Pen passe pour six mois, pour faire le ménage et après elle pourrait laisser la place à quelqu’un d’autre.” (…)
C’est finalement une infirmière de nuit de l’hôpital Corentin-Celton (Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine) de 57 ans, rencontrée quelques jours plus tard, qui nous parle de Marine Le Pen avec espoir. Mais elle n’est pas d’accord avec tout : elle ne pense pas, par exemple, qu’on puisse sortir de l’euro.
Elle estime enfin qu’on ne peut pas « continuer à faire entrer des gens qui n’ont pas de quoi vivre et cassent les boîtes aux lettres » :
« On en a marre d’être amalgamés avec eux alors qu’on est français. En 2007, j’ai voté Sarkozy. Cette fois, je vais voter une sanction de la France. On sera beaucoup à faire pareil. »
(Merci à Zatch Charles Martel)