Les Etats-Unis ont exhorté vendredi les Européens à mettre un terme à leurs divisions sur la gestion de la crise de la dette qui inquiète la planète entière, alors que la zone euro continue à se disputer sur le deuxième plan de sauvetage promis à la Grèce. Convié exceptionnellement à une réunion des ministres européens des Finances à Wroclaw en Pologne, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s’est dit préoccupé par les divisions entre gouvernements et la Banque centrale européenne.
«Il est très dommage de constater qu’il existe non seulement des divisions dans le débat sur la stratégie en Europe, mais aussi qu’un conflit existe entre les gouvernements et la BCE», a-t-il déclaré en marge de cette réunion, mettant en garde contre les «risques catastrophiques» de la désunion. La présence de M. Geithner témoigne de l’inquiétude croissante des Etats-Unis face à la tournure prise par la crise de la dette et ses éventuelles répercussions sur l’économie mondiale. Sa présence fait grincer les dents de certains responsables européens.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, tout comme son homologue belge, Didier Reynders, n’ont pas hésité vendredi matin à rappeler les Etats-Unis, qui ploient sous une énorme dette publique, à leurs propres devoirs en matière budgétaire. Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a été à peine plus aimable lorsque, à l’idée que les Etats-Unis aient demandé à la zone euro d’augmenter les capacités de son Fonds de secours chargé notamment de l’aide à la Grèce (FESF), il a dit: «Nous ne discutons pas de l’élargissement ou de l’accroissement du FESF avec un pays non membre de la zone euro».
Atermoiements
Problème: l’Europe continue à se distinguer par ses atermoiements. A Wroclaw, l’objectif de départ qui était de concrétiser le second plan de sauvetage promis en juillet à la Grèce, de près de 160 milliards d’euros, n’a pas été atteint alors qu’il est pourtant vital pour éviter la banqueroute au pays. La zone euro bute toujours sur les garanties demandées par la Finlande en échange de nouveaux prêts à Athènes, une question qui empoisonne les relations au sein de la zone euro. «Des progrès ont été réalisés», dit M. Juncker, mais aucun accord n’a été trouvé.
Plusieurs pistes ont jusqu’ici été évoquées: celle de garanties en liquide, que refuse fermement la zone euro, la mise en gage de terres grecques ou des participations dans des entreprises hellènes. Le défi est d’éviter d’affaiblir le plan de soutien et d’empêcher que trop d’Etats demandent ensuite le même traitement. Un mécanisme à l’étude pourrait prévoir que la Finlande renonce à une partie de ses bénéfices sur les prêts octroyés à la Grèce via le FESF, selon une source gouvernementale européenne. «Si la Finlande souhaite des garanties, elle recevra évidemment un retour moins important des prêts octroyés», a d’ailleurs dit M. Reynders. La ministre autrichienne des Finances Maria Fekter a noté qu’il fallait pour l’heure tenir le cap du plan d’aide à la Grèce en échange d’efforts budgétaires. Mais elle n’a pas exclu qu’un défaut de paiement puisse devenir à terme une éventualité si le sauvetage devient trop onéreux, ajoutant encore à la cacophonie européenne.
Décision en octobre
Autre démonstration du manque d’avancées sur le sauvetage de la Grèce, la zone euro a décidé de reporter à octobre toute décision sur le versement d’une nouvelle tranche de prêts dont le pays a impérativement besoin. «Nous prendrons notre décision sur la prochaine tranche d’aide en octobre, en nous fondant sur les déclarations de la troïka» (UE, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), les bailleurs de fonds de la Grèce, a annoncé M. Juncker.