Extrait d’un entretien avec Malika Sorel publié dans “L’Expansion”.
Bernard Poulet : Vous considérez que les élites françaises ont une lourde responsabilité…
Malika Sorel-Sutter : Une partie s’arrange lâchement de cette situation. Elle se donne bonne conscience en se mettant du côté du plus faible, sans se rendre compte qu’elle l’enferme. Et ce sont souvent les mêmes qui se démènent pour que leurs propres enfants ne soient pas dans ces classes métissées dont ils nous parlent avec émotion. De plus, une partie des patrons ont un comportement court-termiste, totalement irresponsable : toujours à la recherche de la main-d’œuvre la moins chère possible, ils n’hésitent pas à employer des clandestins. Cette immigration irrégulière présente de surcroît l’avantage d’être corvéable à merci. On a l’impression que, dès qu’un groupe de clandestins est régularisé et doit être un peu mieux payé, cela s’accompagne d’un besoin de nouveaux immigrés, comme si les régularisés avaient disparu du marché de l’emploi, préférant se tourner vers les dispositifs de prise en charge sociale. Peut-on à la fois supporter la charge du chômage et recourir à une immigration de travail massive ?