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Plus de 60.000 personnes ont défilé lundi matin dans les rues de Tokyo. Ils exprimaient leur colère face à l’inaction du gouvernement pour protéger la population depuis la catastrophe de Fukushima. Ils exprimaient aussi leur opposition farouche au redémarrage des réacteurs nucléaires arrêtés.


Entre 60.000 et 100.000 personnes auraient défilé lundi matin dans les rues de Tokyo. Organisée par plusieurs groupes anti-nucléaires japonais, la manifestation appelait à la fin de l’énergie nucléaire. Elle rappelait aussi l’indignation de la population face à l’inaction du gouvernement et son incapacité à enrayer la catastrophe nucléaire de Fukushima.

Car, au Japon, les habitants vivent tous les jours dans la peur des radiations et de la contamination. De nombreuses personnalités très admirées de la population se sont jointes au cortège des manifestants.

On y trouvait notamment le musicien Ryuichi Sakamoto et le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe.

Une manifestation contre le redémarrage des réacteurs nucléaires

Depuis plusieurs mois, le gouvernement japonais tente régulièrement de faire redémarrer les réacteurs nucléaires  mis à l’arrêt après le tremblement de terre du 11 mars 2011. Car, à l’heure actuelle, seulement 11 des 54 réacteurs que compte le pays sont encore en marche. Or, tous les jours ou presque, la terre tremble quelque part au Japon. La population craint de voir se produire un deuxième Fukushima, alors même que la première tragédie est toujours en cours. La volonté politique de redémarrer les réacteurs nucléaires arrêtés est d’autant plus mal vécue que le Japon vit depuis 6 mois sans ces réacteurs et s’y est très bien adapté.

Au Japon, l’attitude du gouvernement se radicalise

Les organisateurs japonais ont choisi la date du lundi 19 septembre, plutôt que celle du 11 septembre, jour anniversaire de la catastrophe du 11 mars. Il faut dire que l’heure était plutôt au recueillement, en mémoire des 20.000 personnes mortes dans le tremblement et le tsunami qui l’ont suivi. Cependant, plusieurs manifestations ont eu lieu un peu partout au Japon, le 11 septembre 2011. A cette occasion, de nombreux témoins ont remarqué la présence d’agitateurs, tentant de provoquer les manifestants afin de les faire arrêter.

Selon certains bloggers, ces agitateurs étaient des membres de l’extrême droite japonaise, très liée à la mafia locale (les fameux yakuzas). L’une de leurs interventions a d’ailleurs failli provoquer un incident diplomatique avec la France. Les agitateurs avaient en effet ordonné aux policiers d’arrêter un manifestant français. Sa femme, japonaise, a reçu plusieurs coups de la part des agitateurs, pendant que son mari était arrêté arbitrairement. L’ambassadeur de France au Japon est intervenu auprès des autorités japonaises.

La question des liens entre le gouvernement japonais, la mafia et le nucléaire

Cet exemple parmi d’autres met en lumière les questions auxquelles est confrontée la population japonaise aujourd’hui. Alors que la catastrophe nucléaire de Fukushima est toujours en cours et que le gouvernement brille par son absence, la volonté politique de redémarrer les réacteurs nucléaires dans une période hautement dangereuse éveille les soupçons. Certains commentateurs supputent que des liens de corruption uniraient le gouvernement, l’extrême droite et la mafia autour du dossier du nucléaire.

Il est vrai que l’on peut se demander pourquoi le dernier colloque mis en place par les autorités à Fukushima a été financé par l’homme qui se considère lui-même comme le « fasciste le plus riche du monde », Ryoichi Sasakawa. Le but de cette conférence, présidée par l’inénarrable professeur Shinichi Yamashita, était d’en finir avec la peur des radiations. Les japonais, eux, ont défilé pour dire qu’ils préféreraient en finir avec les radiations tout court…

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