Fdesouche

C’est parce qu’ils sont convaincus que les grands pays européens ne sont pas “sans défense face aux anticipations perverses des marchés” que l’ancien et l’actuel président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Jean-Paul Fitoussi et Philippe Weil, et le grand patron italien Gabriele Galateri di Genola, président de Generali, ont pris leur plus belle plume pour inviter ensemble les États à se ressaisir.

Leur tribune initialement parue dans le Financial Times du 15 septembre est en ligne sur le blog de l’OFCE sous le titre “L’emprunt forcé : l’arme de destruction massive de la politique budgétaire.

Le propos des trois auteurs, décrypté par M. Weil, est simple : éviter que la crainte du pire demain (des écarts de taux trop forts, une dégradation de la note souveraine et un emballement de l’endettement) n’entraîne dès aujourd’hui “une spirale dépressive” calamiteuse pour la croissance et pour l’emploi.

Quand des pays qui ont la même monnaie (l’euro) et qui sont des partenaires commerciaux se mettent ensemble, par une coordination de fait, à adopter des politiques restrictives, le résultat est catastrophique sur l’activité et le niveau de l’emploi, explique M. Weil.

Les Etats européens ne peuvent plus, comme autrefois, faire marcher la planche à billets pour réduire leur taux d’endettement (c’est-à-dire monétiser leur dette). Les eurobonds, dont le mérite économique n’est pas à démontrer, ne séduisent guère les Allemands. Et le marché unique ne résisterait sans doute pas à la création, au sein de la zone euro, d’un espace des pays du Nord et d’un espace des pays du Sud.

Pour autant, écrivent les auteurs, le sort de l’Europe n’est pas scellé. Il suffit pour cela que les gouvernements ressortent de leur arsenal budgétaire l’arme qui  leur a servi aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix : l’emprunt forcé.

Ce serait  une façon de “sortir des prophéties auto-réalisatrices des marchés” et un moyen  pour les grands pays européens de leur rappeler qu’il n’y a aucune raison que  les États fassent défaut et qu’une partie des dettes souveraines, lorsque les primes de risques sont trop élevées, peut fort bien être refinancée auprès de leurs propres citoyens.

Valéry Giscard d’Estaing ou François Mitterrand ne sont pas les seuls à avoir  recouru à l’emprunt forcé. Plus récemment, en 2009, la Californie a utilisé cette arme  : elle a augmenté de 10% le prélèvement à la source de ses contribuables pendant la crise, tout en les prévenant qu’elle les rembourserait, mais sans intérêts, en 2010. C’était aussi un signal adressé aux marchés. L’histoire ne dit pas ce que les californiens en ont pensé.

Bercy Blog

Fdesouche sur les réseaux sociaux