Une partie des fonds versés par l’État au titre du crédit impôt recherche doit-elle bénéficier à des banques pour mener leurs recherches sur les marchés financiers? C’est la polémique qu’a lancée le web-entrepreneur et président du Conseil national du numérique Gilles Babinet dans une interview au 12-15 de la radio BFM, lundi 19 septembre:
«Il faudrait sans doute réussir à avoir un crédit impôt recherche un peu plus recentré sur l’activité industrielle et numérique. J’avoue que je ne comprends pas pourquoi BNP Paribas touche 180 millions de crédit impôt recherche. C’est une grande interrogation pour moi que le secteur bancaire puisse, pour financer des gens qui font du fast trading, des algorithmes qui déstabilisent la Bourse, bénéficier de très très grands crédits.»
Le site Électron Libre a interrogé la banque, qui «nie catégoriquement» avoir reçu 180 millions d’euros, et admet que «tout au plus quelques millions d’euros provenant de ces crédits d’impôts concernent des modélisations mathématiques utilisées pour des produits structurés ou autres dérivés», c’est-à -dire pour des produits financiers complexes.
Le «trading haute fréquence» (high frequency trading) désigne l’exécution à très haute vitesse —de l’ordre de la microseconde— d’ordres de Bourse par des établissements financiers grâce à des algorithmes. Selon un spécialiste londonien citée par une enquête de mars 2011 de l’hebdomadaire financier L’Agefi, «les banques françaises, Société générale et BNP Paribas, se débrouillent très bien» dans ce domaine face aux fonds spéculatifs ou sociétés de trading, qui s’en sont fait une spécialité.
Cette pratique est devenue célèbre après le «krach éclair» (flash krach) du 6 mai 2010 à New York. Ce jour-là, l’indice Dow Jones avait perdu 9% en quelques minutes, une des pires chutes jamais essuyées en séance, avant de se rétablir. Une baisse qui avait été attribuée en partie par les régulateurs du secteur au trading à haute fréquence.
Le 13 septembre dernier, après une nouvelle journée très animée en Bourse (BNP Paribas, par exemple, était passée de -10% en séance à +7,20% à la clôture), l’AFP citait des intervenants de marché jugeant «que les amplitudes extrêmes des derniers jours s’expliquent en partie par les nouveaux moyens technologiques comme le trading haute fréquence». «Ce sont tous ces algorithmes et ces logiciels qui rajoutent de la volatilité sur les marchés», confiait un gérant à l’agence de presse sous couvert d’anonymat.
Le 8 septembre, Dominique Cerrutti, le numéro deux de l’opérateur de la Bourse de Paris, Nyse Euronext, affirmait sur BFM que les acteurs pratiquant le trading haute fréquence étaient majoritaires ces derniers temps sur un marché dont «les particuliers se sont retirés, les investisseurs institutionnels également».
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