Selon Fitch Ratings, ils ont réduit leur exposition aux établissements européens en retirant 27% de leurs placements ces trois derniers mois.
La crise de confiance du secteur bancaire européen ne risque pas de s’arranger. Alors que l’Europe tente de convaincre le monde de la solidité de ses établissements bancaires dans la crise actuelle, les grands fonds monétaires américains préfèrent quitter le navire. Selon une étude publiée vendredi par l’agence de notation Fitch Ratings, les dix plus grands fonds outre-Atlantique ont réduit massivement leur exposition aux banques européennes.
Ils ont ainsi taillé leurs placements en dollars en titres bancaires européens de 8% au mois d’août, après une baisse de 9% en juillet. Depuis fin mai, leur exposition a été rabotée de 27%.
Aujourd’hui, les titres bancaires européens détenus par ces dix fonds américains représentent 676 milliards de dollars, soit 42,1% de leur portefeuille global. Ces placements pesaient encore 47,2% fin juillet. «La réduction de l’exposition aux principales banques européennes est largement compensée par la hausse des investissements dans des établissements financiers en Australie, au Canada, au Japon et en Scandinavie», explique Robert Grossman, un responsable de Fitch Ratings.
Certains pays d’Europe sont plus touchés que d’autres. La France, par exemple, ne représente plus que 11,2% du portefeuille de ces grands fonds. Ces derniers ont réduit de 34% leur exposition aux banques françaises depuis fin mai, et de 19% sur le seul mois d’août. L’Allemagne (-36% depuis fin mai) et le Royaume-Uni (-22%) ont également perdu leurs faveurs.
Voilà qui risque d’assombrir encore davantage l’horizon du secteur bancaire européen. Alors que les fonds monétaires («money market funds» ou MMF) sont considérés aux États-Unis comme des investissements très sécurisés, la fuite de ces placements n’est pas un bon signal pour les Européens, qui font tout pour désamorcer la tension que génère la crise de la dette dans le milieu bancaire.
Dans un entretien au Figaro cette semaine, Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale et président de la Fédération bancaire française (FBF), a souligné la nécessité de «casser la spirale de la peur». «Les stress tests qui avaient été menés avant l’été ont démontré qu’un nombre restreint de petits établissements avait un besoin immédiat de capitaux supplémentaires. Ce n’est pas le cas de la majorité des banques européennes, ni des banques françaises en particulier», a-t-il rappelé.
Ces appels à la raison sonnent dans le vide. Les investisseurs ne sont pas les seuls à se méfier des banques européennes. Une nouvelle étape a d’ailleurs été franchie en France. Depuis le début de la semaine, des bruits ont couru sur la volonté de certains groupes, comme Siemens ou Meetic, de limiter leurs expositions aux financiers hexagonaux.