Pourquoi et comment, à l’aube des années 2000, l’un des auteurs des Guignols, Bruno Gaccio, a-t-il vu l’intimité de sa vie violée, ses appels téléphoniques et ses courriels espionnés au sein de sa propre entreprise, Canal Plus ?
Pourquoi, comment et surtout à la demande de qui, dans une chaîne de télévision qui a fait de l’impertinence et de la liberté autoproclamées sa marque de fabrique, une cellule composée d’anciens policiers et d’un ex agent de la DGSE a-t-elle pu concevoir des faits aussi graves que la filature de certains de ses salariés, voire un projet de guet-apens ?[…]
La première est celle du face à face abrupt entre Bruno Gaccio et Pierre Martinet, l’ex-agent de la DGSE par lequel toute l’affaire est arrivée.
Dans un livre publié en avril 2005, Un agent sort de l’ombre, Pierre Martinet racontait les circonstances dans lesquelles, après une carrière dans le renseignement et la lutte antiterroriste à l’étranger, il avait décidé, à 37 ans, de se reconvertir dans le privé et de rejoindre l’équipe de lutte contre le piratage dirigée par Gilles Kaehlin à Canal Plus. C’est là, expliquait-il, qu’il avait été chargé de filer Bruno Gaccio, qui menait alors la fronde interne contre la nouvelle direction de Canal Plus, après le départ de Pierre Lescure.
A la barre, Pierre Martinet reprend le récit de cette traque, qui l’a conduit à pénétrer au domicile de Bruno Gaccio, à le photographier avec compagne et enfants sur son lieu de vacances à la recherche d’éléments compromettants, et faute de les avoir trouvés, à envisager de tendre un piège au créateur des Guignols afin de l’empêcher de retrouver l’antenne à la rentrée.[…]