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Comment résorber le surendettement grec, relancer l’économie du pays et ruiner les spéculateurs ? Réponse dans le plan Eureca concocté par d’influents consultants allemands.

Existe-t-il une alternative crédible aux plans étudiés actuellement concernant le sauvetage de la Grèce, qui résoudrait la question du surendettement sans provoquer de défaut, et qui sortirait durablement le pays de la spirale de la récession et du désordre social ?

Équation difficile à résoudre et que n’intègrent pas les plans en cours de discussion aujourd’hui.

Ce plan existe. Baptisé « Eureca », il a été mis au point par des consultants très influents auprès du gouvernement d’Angela Merkel, pilotés par Martin Wittig, CEO du groupe Roland Berger.

Il se décline en six phases essentielles, que l’on peut résumer ainsi :

– 1. La Grèce cantonne l’ensemble de ses actifs publics (banques, immobilier, téléphonie, ports…) dans une structure commune, sorte d’équivalent de la Treuhandanstalt créée en 1990 en Allemagne pour privatiser quelque 8.500 entreprises est-allemandes, Ces actifs sont évalués à 125 milliards d’euros, en fonction des valorisations déjà connues sur un certain nombre de biens figurant dans la liste de privatisations « officielle ».


– 2. Cette structure est achetée par une institution européenne, financée par les États, dont le siège pourrait être situé au Luxembourg, proche de celui du Fonds européen de stabilisation financière. Cette structure est chargée de piloter la privatisation de ces actifs, avec une échéance fixée à 2025 pour déboucler les opérations (ce qui est beaucoup plus long que la durée de vie de la Treuhand, fermée en 1994, même si un certain nombre d’opérations se sont finalisées au cours des années 2000).

– 3. Les 125 milliards d’euros ainsi libérés servent à la Grèce pour racheter ses obligations à la BCE et au FESF, ce qui a pour effet immédiat de ramener à 88 % son ratio dette/PIB, au lieu de 145 % aujourd’hui. L’exposition de la BCE à la dette grecque est réduite à zéro, ce qui ne peut qu’exercer un effet apaisant sur les contribuables européens… Les taux d’intérêt sur la dette grecque baissent de 50 %, ce qui permet à Athènes de revenir éventuellement sur les marchés.

– 4. Cette institution européenne investit 20 milliards d’euros dans la restructuration des actifs cantonnés afin d’augmenter leur valeur d’environ 50 milliards d’euros. Le montant de ces investissements peut être augmenté de 10 à 15 milliards provenant des fonds structurels européens que la Grèce ne peut pas utiliser en ce moment. Cette injection d’argent dans l’économie, équivalant à 8 % du PIB, desserre l’étau autour de l’économie grecque, et remet le pays sur la voie de la croissance, environ 5 % par an au cours des trois ou quatre prochaines années, au lieu des 5 % de récession qu’elle affronte aujourd’hui. Avec l’augmentation des recettes fiscales ainsi générée, la Grèce s’engage dans un programme de rachat de sa dette de l’ordre de 1 % du PIB par an, ce qui la fait repasser, en 2018, sous la barre des 60 % du PIB.

– 5. Les opérations de privatisation sont débouclées en 2025. Si ces opérations dégagent une plus-value, elle est versée à la Grèce, déduction faite des intérêts et frais de gestion. Si elles dégagent une moins-value, la Grèce la prend en charge, mais les économistes de Roland Berger ont calculé que, même si aucune privatisation n’était réalisée (ce qui est une hypothèse extrêmement peu probable), la dette de la Grèce redescendra mécaniquement sous les 70 % du PIB, ce qui est une amélioration notable par rapport à la situation d’aujourd’hui.

– 6. Ce plan réduit à néant les gains des spéculateurs qui ne croient pas au sauvetage de la Grèce ou de la zone euro et qui parient sur un effondrement du cours des obligations grecques, mais aussi espagnoles, italiennes et irlandaises et qui devront assumer une baisse des spreads sur les CDS.

REUTERS via La Tribune

(Merci à Romégas & à Léonidas)

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