Ivan Rioufol reconnaît que les partisans du «non» avaient raison en 2005 et qu’il va falloir payer la facture de décennies d’erreurs.
En réalité, le chef de l’État n’est que le dernier héritier d’une succession d’incompétences.
Les «déclinistes», ainsi nommés par ceux qui raillaient les sonneurs de tocsin, avaient vu juste : la France doit faire face, soudainement, à une série de décompositions (économique, politique, morale, sociale, éducative, culturelle) dont aucune n’aura été anticipée. Pourquoi ?
Parce qu’il était de bon ton, pour faire moderne, ouvert et tolérant, de ne rien voir des prémices. Appeler un chat un chat valait la condescendance politico-médiatique. C’est à cette oligarchie que l’on doit aussi les sarcasmes sur les «nonistes» de 2005, qui trouvaient irresponsable de construire sur du sable une Europe hétérogène, sans racines ni frontières reconnues. Eux non plus ne s’étaient pas trompés ; la Grèce en témoigne. Et voici donc venue l’échéance de ces décennies d’erreurs.
Dans la saga des élites aveuglées, Nicolas Sarkozy aura cherché à être parmi les plus lucides, même si la rupture promise en 2007 n’a pas eu lieu. Cet échec est le sien. Néanmoins, quand l’opposition et ses médias l’accusent d’être le responsable de la France qui tombe, ils usent d’un raccourci dont le seul mérite est d’éviter à la gauche de s’interroger sur ses défaillances. […]