Depuis que la crise financière a bouleversé l’économie mondiale en 2008, une vague de crises de l’endettement frappe l’Union Européenne. Elle menace de nombreux pays et met l’euro en danger. À commencer par la Grèce, qui, depuis son entrée dans la zone euro, a vécu au-dessus de ses moyens, au point de se trouver étouffée sous une dette publique devenue incontrôlable.
La situation s’y aggrave en 2010, lorsque les porteurs d’obligations institutionnelles se mettent à revendre la dette grecque et que les agences de notation persistent à dégrader sa côte. Le gouvernement réagit par une série de mesures d’austérité. En avril 2010, le Premier ministre, Georges Papandreou, demande au Fonds monétaire international et à l’Union Européenne de mettre en place un plan de sauvetage. L’initiative est suivie par un abaissement de la dette grecque par Standard & Poor’s (S&P).
La fragilité d’un petit pays comme la Grèce, qui ne pèse que 3 % du PIB de la zone euro, en vient, donc, à menacer tous les autres États membres et l’existence même de la zone monétaire.
La Grèce est désormais classée pays à risque par S&P, un statut qui lui est également appliqué par Moody’s. D’autres pays de la zone euro accumulent des déficits, des dettes et une décroissance qui les fragilisent. C’est le cas du Portugal, de l’Irlande, de l’Espagne et de l’Italie.
L’Irlande enregistre un déficit budgétaire supérieur à celui de la Grèce
Contrairement à la Grèce, l’Irlande avait un budget équilibré, avant d’être frappée par la crise. Toutefois, elle entretenait une immense bulle spéculative dans le secteur immobilier, encore plus importante que celle des États-Unis. Avant la crise, 25% de son économie était impliqués dans la construction immobilière, alors que, dans les économies moins affectées, ce taux se limitait autour de 10%. Lorsque la crise financière frappe en octobre 2008, la bulle éclate et le système bancaire finit par imploser. En janvier 2009, l’Irlande nationalise une des ses plus importantes banques et, en octobre 2010, elle opère un renflouement de certaines autres. À ce moment-là, son budget est handicapé par un déficit représentant 32% de son PIB. Le mois suivant, l’UE et le FMI lancent un plan de sauvetage de 90 milliards de dollars pour l’Irlande.
En mars dernier, le nouveau gouvernement a promis de réduire les intérêts des financements engagés par le plan de l’UE et du FMI. Une promesse honorée en juillet. Pourtant, le 12 juillet Moody’s dégrade de Aa1 à Aa2 la dette Irlandaise en la classant comme étant à risque. La perte graduelle et significative de la force financière du gouvernement irlandais, illustrée par la hausse des déficits publics et l’affaiblissement de la capacité de remboursement du pays, est une des raisons avancées par Moody’s, à quoi s’ajoutent le déficit budgétaire (14,3% du PIB en 2009), supérieur à celui de la Grèce, le poids de la dette publique passée de 25% du PIB fin 2007 à 65% fin 2009 et des perspectives de croissance affaiblies.
La panique a affecté le Portugal entre la fin 2009 et le début 2010
À la différence de l’Irlande et de la Grèce, le Portugal possède un des meilleurs records en matière de redressement, au cours de la première phase de la crise économique. Toutefois, la panique créée par la crise grecque a affecté le pays entre la fin 2009 et le début 2010. Ceci principalement à cause de la peur de ce que le pays ne puisse pas s’en sortir sur le long terme, mais aussi à cause des prévisions annonçant un important déficit. En novembre 2010, le marché a poussé les taux d’intérêt à la hausse, à tel point qu’il a fallu envisager un plan de sauvetage face à l’endettement. Finalement le gouvernement portugais a fait appel au plan de renflouement de l’UE, qui a approuvé un prêt de 116 milliards de dollars avec la nécessité d’envisager un deuxième plan.
Le 4 juillet, l’Agence de notation Moody’s a abaissé de quatre crans la note à long terme du Portugal, la plaçant dans la catégorie des investissements risqués. Le 7 juillet 2011, Moody’s a abaissé la note sur la dette, garantie par le gouvernement portugais, de quatre banques portugaises. Pourtant, en échange d’un prêt de 78 milliards d’euros décidé en mai, Lisbonne s’était déjà engagé à mettre en œuvre un plan de rigueur et de réformes sur trois ans pour ramener son déficit public de 9,1% du PIB en 2010 à 5,9% en 2011, puis à 3% en 2013.
Les taux d’intérêts bondissent en Espagne
Comme l’Irlande, l’Espagne a connu une bulle spéculative sur le marché de l’immobilier qui a conduit à la crise. Celle-ci a frappé la croissance du pays malgré le fait que celui-ci possède un secteur financier plutôt bien géré. Mais, face à des déficits largement supérieurs aux prévisions, l’Espagne a adopté une série de mesures d’austérité en mai 2010. L’agence de notation Fitch a réagi en abaissant sa note, qui était alors à AAA, craignant que les mesures d’austérité prises ne heurtent la croissance. Moody’s a suivi en septembre.
Pourtant en mars 2011, l’Espagne a annoncé qu’elle avait atteint son objectif de réduction du déficit de l’année précédente. Mais Moody’s l’a une fois encore dégradée, soulignant les inquiétudes sur une croissance au ralenti. Alors que les inquiétudes sur une faillite de la Grèce ne cessent de croître, les taux d’intérêts ont bondi en Espagne, suscitant la peur que le pays n’ait besoin d’un plan de sauvetage que les autres pays européens ne seraient pas capables de supporter. Les dirigeants espagnols affirment qu’ils envisagent un nouveau plan d’austérité.
L’Italie endettée à hauteur de 1 900 milliards d’euros
A cause de sa dette colossale et de sa faible croissance, le risque de voir l’Italie touchée par la crise de la dette s’est installé depuis plusieurs mois. Et celle-ci s’est accentuée après que S&P eut abaissé sa note en mai dernier. L’Italie est aujourd’hui endettée à hauteur de 1 900 milliards d’euros, c’est à dire 120% de son Produit intérieur brut. L’agence de notation Standard & Poor a abaissé à son tour, le 19 septembre dernier, la note de crédit de l’économie italienne, puis, quelques jours après, de sept banques italiennes, dont la première banque d’Italie, UniCredit.
L’agence a justifié sa décision en indiquant qu’elle avait ciblé des banques à haut niveau d’exposition à la dette souveraine d’autres pays européens. Le déclassement de S&P comprenait aussi la branche italienne de la banque française BNP Paribas, augmentant de ce fait la pression des marchés financiers sur le secteur bancaire français. Pour rassurer les investisseurs, le gouvernement italien a alors fait adopter un plan d’austérité de près de 60 milliards d’euros. Mais les mesures de rigueur, adoptées après des modifications et des tractations politiques sans fin, n’ont pas convaincu les marchés financiers.
Selon des experts, deux options se dessinent: La première est que la zone euro va perdre des membres tels que la Grèce, l’Espagne et l’Italie, soit tous les trois, soit un des trois, avec pour conséquence d’avoir à repenser complètement l’union monétaire. La seconde option est de mettre en place une union fiscale européenne plus stricte et faire en sorte que la politique fiscale soit coordonnée au niveau continental, en donnant à l’UE les prérogatives d’un état souverain.
Les conséquences de la crise sur les États-Unis
Les institutions financières américaines possèdent d’importants intérêts européens, qui pourraient être perdus si la zone euro s’installait dans la crise. Par exemple, la dette européenne représente près de la moitié des fonds du marché monétaire des holdings. Cette crise entraîne également des coupes dans les dépenses et la réduction des emprunts, ce qui affecte les exportations américaines vers l’Europe et fragilise le redressement américain. L’idée de renforcer le Fonds de soutien européen (FESF) est fortement suggérée par les États-Unis.
Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a réitéré, récemment, ses appels dans ce sens, à l’occasion des réunions du FMI et du G20 à Washington. Doté d’une capacité effective de prêts de 440 milliards d’euros, ce fonds créé en 2010 n’a pas les capacités nécessaires pour pouvoir venir en aide à l’Italie ou l’Espagne, aujourd’hui menacées par la crise de la dette. Plusieurs hypothèses sont évoquées: doter le mécanisme d’outils nouveaux pour accroître son effet de levier en gardant inchangées ses réserves financières, augmenter sa capacité de prêts, voire une combinaison des deux.
(Merci à Nicolas)