Lors d’un entretien dans Le Monde des religions, la philosophe Élisabeth Badinter avait déclaré «En dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité». Pour Claude Askolovitch, qui regrette que le débat sur la laïcité «soit pollué par la communication frontiste», il s’agit d’une «mauvaise polémique».
C’était ironique et c’était un regret.
«Je ne cautionne pas Marine Le Pen, je ne valide pas Marine Le Pen, je ne suis ni séduite ni attirée par Marine Le Pen, et je ne donne aucun brevet de laïcité à Marine Le Pen», proteste Élisabeth Badinter, qui n’est donc pas frontiste – et ceci ne devrait même pas être une info, mais pourtant si, en nos temps confus… […] […]ces quelques mots d’une féministe de gauche allaient forcément faire scandale. «[…] Je me bats pour la laïcité depuis 1989, je refuse que des normes religieuses, quelles qu’elles soient, s’imposent à la société ; mais j’ai l’impression d’un combat perdu. Le mot est pratiquement devenu tabou, sauf chez quelques personnalités – Mélenchon, Valls… et, hélas, au Front national. C’est cette situation absurde que j’ai voulu dénoncer.» […]
L’impasse actuelle du combat laïque, mis à mal par la «laïcité ouverte» chère à Nicolas Sarkozy, puis par le refus de la gauche de voter la loi contre le niqab, et désormais pollué par la communication frontiste. Et la capacité qu’aura le Front national à rendre crédible sa cosmétique laïque et républicaine.