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Samedi, je participais à une discussion sur le thème : « « Nous et eux ». Héritage colonial ou nouveau débat ? » Ça se passait à l’École Normale Supérieure. Bien loin de Villiers-le-Bel. L’intérêt de l’intitulé résidait dans le « Nous et Eux », figures interchangeables de l’autre. Chacun se vivant comme le « nous » et voyant celui d’en face comme le « eux ». De Villiers, nous avons peu parlé. Il s’est plutôt agi de tenter de déterminer la part du post-colonial, du racial ou du social dans le malaise français.

Mais ces mots me sont restés. « Nous et eux ». Et leur signification dans ce procès en appel qui s’ouvre aujourd’hui. En première instance, ce qui frappait c’était la stricte séparation de la salle entre Noirs et Blancs. Noirs : les accusés et le public. Blancs : les policiers, les juges et les jurés. Comme une photographie monstrueuse de notre société qui venait prouver à tous qu’il n’y avait rien à faire contre cette racialisation de la France. Cette impossibilité à construire un pays dans lequel nous vivrions ensemble. Cette assignation de chacun à sa catégorie. Le Blanc incarnant l’ordre juste ou la répression. Le Noir la résistance à l’injustice ou le crime. C’est selon. Dans ce procès là, pas de place pour le musulman, le juif ou le Rom, ils apparaissent dans d’autres faits-divers d’autres affrontements, le long des nombreuses lignes de fracture qui traversent la société française.

Karim Miské

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