Ils sont, dit-on, 500 000. Cinq cent mille Français d’origine arménienne dont le vote va compter dans la présidentielle de 2012. Donc, d’Alfortville à Marseille, l’heure est à la séduction de cet électorat sensible, meurtri par l’histoire, par le génocide perpétré par les Turcs en 1915.
Le clientélisme étant à la politique ce que l’anti jeu est au football, on ne saurait s’en offusquer. Ainsi Nicolas Sarkozy s’envole-t-il demain pour Erevan, avec Charles Aznavour dans ses bagages, dans l’espoir de réconcilier l’Arménie avec ses voisins l’Azerbaïdjan et la Turquie. Mais surtout pour montrer toute l’attention qu’il porte à ce peuple martyr et ami.
Beaucoup plus condamnable, à mon avis, est François Hollande. Il a demandé à ses camarades sénateurs, désormais majoritaires à la Haute Assemblée, de relancer une proposition de loi visant à pénaliser la négation du génocide arménien. Reconnaître ce génocide est une chose, ce que la France a fait en 2001. Mais réprimer sa négation servira à quoi ?
D’abord, les Français d’origine arménienne ne le demandent pas. Deuxio, cette disposition ne freinera jamais les esprits malveillants en mal de publicité. Tertio, cette initiative ne peut qu’envenimer les relations entre la Turquie et l’Arménie d’une part, la Turquie et la France d’autre part. Enfin, ce n’est pas aux parlementaires d’écrire l’histoire par des lois mémorielles inutiles qui sentent l’opportunisme électoral à plein nez.