Augmentation des suicides, hausse de la consommation de drogue, développement de la prostitution, accroissement des infections au virus HIV… Une étude britannique parue lundi pointe les effets désastreux de la crise économique et des coupes budgétaires en Grèce.
“Le tableau de la santé des Grecs est très préoccupant», juge David Stuckler, sociologue à l’université de Cambridge qui a dévoilé les conclusions de son étude dans le journal médical Lancet.
Des coupes budgétaires considérables et l’augmentation du chômage à 16% conduisent de plus en plus de Grecs à la dépression et à la drogue, tandis que la réduction des budgets des hôpitaux et des services médicaux privent de nombreuses personnes d’accès aux soins.
“Le budget des hôpitaux a baissé de 40 % entre 2007 et 2009. On relève un manque de personnel, de matériel médical et des patients qui donnent des pots-de-vin aux médecins pour couper les files d’attente», révèle le Guardian. Selon l’article, les plus faibles sont les plus impactés.
“Nous constatons (…) des tendances très inquiétantes, un doublement des cas de suicides, une hausse des homicides, une augmentation de 50% des infections au virus HIV et des gens qui nous disent que leur santé a empiré mais qu’ils ne peuvent plus consulter de médecins même s’ils devraient le faire», ajoute le sociologue.
Ces deux dernières années, le gouvernement grec a imposé de sévères mesures d’austérité pour tenter de réduire sa dette colossale. La Grèce connaît sa plus grande récession depuis 40 ans et a dû accepter un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne (UE).
Selon l’équipe de chercheurs de Stuckler, le taux de suicide a augmenté de 17% entre 2007 et 2009, mais un chiffre officieux donné par des parlementaires grecs fait état d’une hausse comprise entre 25 et 40%.
Parmi les faits divers qui ont choqué les Athéniens, un ancien homme d’affaires s’est défenestré, laissant un mot où il expliquait que la crise financière avait eu raison de lui. Un propriétaire d’un petit magasin a été retrouvé pendu sous un pont, avec une lettre où l’on pouvait lire: “Ne cherchez pas d’autres raisons. La crise économique m’a conduit à ça».
Martin McKee, de la London school of hygiene and tropical medicine, qui a travaillé avec David Stuckler, estime que d’autres pays européens devraient prêter attention à ce qui se passe en Grèce.
“Ce qui a lieu en Grèce montre ce qui peut se passer en cas de coupes budgétaires importantes dans le domaine de la santé (…)».
Dans leur étude, les chercheurs ont également mis à jour un augmentation significative d’infections au HIV en Grèce à la fin de l’année 2010. Selon leurs prévisions, les contaminations vont augmenter de 52% cette année par rapport à l’an passé.
La consommation d’héroïne a augmenté de 20% en 2009, chiffre à rapprocher avec la diminution d’un tiers des programmes de lutte contre la drogue en raison des économies budgétaires.
La violence a également augmenté, tandis que les cas d’homicides et de vols ont presque doublé entre 2007 et 2009, rapporte encore l’étude.
– Article original en anglais : Reuters
– Version française : Yahoo
(Merci à Léonidas)