Décidément, Esther Benbassa a le chic pour mettre les pieds dans le plat. Dans l’introduction du livre qu’elle vient de diriger, Minorités visibles en politique, elle n’hésite pas à mettre en cause l’idéal républicain, tel qu’il s’exprime ordinairement dans ce pays :
“En devenant français, écrit-elle, il faudrait oublier d’où l’on vient, ses langues d’origine, ses coutumes, la culture de ses pères. Comme le requiert la paranoïa nationaliste, c’est vierge qu’on entre en francité.”
Ce faisant, Esther Benbassa éclaire le débat en permettant de mieux distinguer deux notions bien souvent confondues, quoiqu’elles soient opposées : l’intégration (qui accepte l’autre et l’accueille en effet) et l’assimilation (qui constitue au contraire une négation de l’autre, puisqu’on l’accueille à condition qu’il cesse d’être lui-même). (…)