Fdesouche

La philosophe Chantal Delsol analyse les contradictions de la droite française partagée entre deux courants, girondin et jacobin.

La droite française ne parvient pas à se saisir véritablement des questions cruciales. Et bien souvent elle se laisse déborder par l’extrême droite, juste parce qu’elle n’a pas osé exprimer ses convictions. Exemple : est-ce normal que la droite au gouvernement n’ait pas parlé plus tôt du scandale des prières dans la rue ?

Non pas que la droite soit molle, évanescente ou sans opinion. Mais elle préfère trop souvent plaire à ses adversaires qu’à ses électeurs. Elle a peur de la gauche, voilà l’histoire. La gauche n’a pas perdu son autorité moralisatrice (c’est là l’un des mystères politiques français, la gauche n’ayant vraiment rien d’un parangon de morale). Alors la droite avance par coups d’audace, comme un timide qui se jette : elle prend une fois son courage à deux mains et fait un discours de bon sens sur l’immigration ; aussitôt elle reçoit une rafale : «Crétins ! Salauds !» – car le bon sens est automatiquement interprété comme du racisme ; alors elle s’enfuit vite dans son trou, où elle va refaire des forces pour recommencer. […]

La difficulté est encore que, depuis longtemps, il y a en France deux droites très différentes, qui doivent cohabiter en dépit de leurs convictions contradictoires : l’une girondine et l’autre jacobine, pour faire simple. L’une libérale et l’autre antilibérale. L’une démocrate et l’autre républicaine. Et tout cela sans analyse, sans pensée construite, ni d’un côté ni de l’autre. […]

Mais le fond commun aux deux droites est profond, même s’il ne s’exprime guère – ce qui permet à certains de croire à tort qu’il n’y a plus ni droite ni gauche, et que tout se ressemble. […]

Valeurs actuelles

Fdesouche sur les réseaux sociaux