Pour réduire les inquiétudes que suscite l’islam, les discours tenus par les “élites” naviguent entre le désir de relativiser son importance et celui de l’installer dans le paysage français. C’est pourquoi l’islam est souvent présenté comme faisant partie intégrante des racines et de l’histoire de la France. Sa présence ne serait, en fait, que la reprise d’une histoire ancienne. C’est un argument d’autorité bien risqué, car il se réfère à des temps où la chrétienté, que l’on n’appelait pas encore l’Occident, a été acculée à la retraite, sous la force des armes.
En réalité, cela fait plusieurs siècles que l’Europe a renversé ce rapport de forces. L’islam avait, jusque récemment, disparu des pays d’Europe occidentale. En France, la presque-totalité des musulmans sont des immigrés ou des enfants d’immigrés. Le développement de l’islam y est donc lié à l’immigration étrangère. […]
L’islam est la première religion de Seine-Saint-Denis. (…) Si l’islam est encore une religion minoritaire, il a pourtant déjà changé nos vies dans un domaine vital à la démocratie : la liberté d’expression. A la crainte de se faire traiter de raciste, ou maintenant d’islamophobe (il faut saluer ici le succès en Occident de cette notion qui est pourtant l’arme préférée des radicaux pour réduire la liberté d’expression), s’ajoutent l’intimidation et la peur (l'”affaire Redecker”, la censure des programmes scolaires).
Le Monde (+sondage : “A votre avis, l’islamisation des cités est un mythe ou une réalité ?”)