Jacques Sapir, économiste et auteur de «La démondialisation»*.
Le Point.fr : Quels griefs adressez-vous à la mondialisation ?
Jacques Sapir : Ils sont assez nombreux. Depuis une vingtaine d’années, la mondialisation compresse les salaires, d’abord des ouvriers, mais, par ricochet, d’une partie importante de la population. Elle est aussi largement responsable du découplage entre les rémunérations et la productivité, ce qui est une des causes du chômage. Ensuite, la mondialisation a pour effet d’affaiblir les normes écologiques et sociales. Un pays ou un groupe de pays peut bien se doter de normes exigeantes, cela profite à ceux qui ne les respectent pas. Ce raisonnement peut être étendu à la protection sociale : dans les années 70, certaines personnes, comme M. Denis Kessler (ancien vice-président du Medef, NDLR), ont même explicitement dit que l’ouverture avait pour but de démanteler le système social. »