Stéphanie Le Bars, journaliste au Monde, revient dans son blog, Digne de foi, sur l’enquête dirigée par Gilles Kepel à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), Banlieues de la République et interroge Samir Amghar, sociologue, spécialiste du salafisme.
Cette analyse alimente, en filigrane, l’idée que l’islam est une religion conquérante et prosélyte.
Dans son enquête menée à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) Gilles Kepel observe que dans les quartiers à forte population de culture musulmane, la référence à l’islam a tendance à se substituer aux références républicaines. Que pensez-vous de cette analyse ?
Cette approche est inquiétante à plusieurs titres. Tout d’abord cela suggère que là où la République serait défaillante, l’islam se développerait. C’est mettre en concurrence deux systèmes qui n’agissent pas dans les mêmes sphères de l’individu. En effet, jusqu’à quel point de pratique religieuse l’islam constitue-t-il un frein à l’intégration ? Un musulman orthodoxe se met-il en dehors de la République, par nature ? Ces questions demandent des réponses nuancées et non pas générales. En outre lier la dynamique de réislamisation aux zones d’exclusion, c’est oublier l’émergence d’une classe moyenne musulmane conservatrice et intégrée. […]
La question du halal, soulignée par Gilles Kepel, relève aussi d’un phénomène de mode. Il n’est pas nécessaire aujourd’hui d’être très pratiquant pour manger halal. Et, si on peut lire le développement du halal comme un signe de communautarisation, il est aussi le signe d’une sédentarisation d’individus citoyens qui considèrent cette revendication comme légitime.