Nadia Henni-Moulaï, née en Seine-Saint-Denis et «qui a poussé dans un quartier populaire du Val d’Oise», a publié 1954-1962 La guerre d’Algérie. Portraits croisés. Analyse du livre par le Bondy Blog.
Je suis légitime pour écrire sur ce thème ou sur les actions et l’attitude de la France pendant la guerre d’Algérie. Car si je suis Algérienne, je suis toute autant Française. J’ai le droit de critiquer mon pays sur la façon dont il s’est comporté dans ses colonies…
Le premier livre de cette journaliste de 32 ans d’origine algérienne, diplômée en Littérature et Communication politique, n’a rien d’historique ou de scientifique. Il raconte des instantanés de vie, des histoires qu’elle a fait remonter à la surface et dont les héros ordinaires appartiennent, entre autres, à son entourage. […]
«Et puis moi qui suis née en France, je porte aussi cette espèce de complexe du colonisé, comme tous les personnages du récit. Quand j’étais jeune et qu’on on me disait que je faisais française, j’étais flattée sans savoir pourquoi. Avec le recul, j’ai compris. Je sais aussi qu’au temps de la colonie, plus on faisait «français», européen, et plus on était «beau»… C’était la norme à l’époque. On ne sort pas indemne de 132 ans de colonialisme, et même 50 ans après l’Indépendance, il reste des stigmates et des tabous. La preuve avec les débats houleux autour des bienfaits supposés de la colonisation… Car les routes et les hôpitaux construits et laissés par les Français l’étaient pour les colons et pas pour les indigènes.»