Un étudiant camerounais a contacté Rue89. Il termine une thèse sur les relations internationales après un cursus universitaire en France. Il souhaite rester anonyme et témoigne sous pseudonyme. Il est concerné par les difficultés de changement de statut mais assure vouloir ensuite rentrer dans son pays. Voici son témoignage :
La population étudiante africaine de France est en panique. Sur les lèvres de tous, un nom honni : « Guéant ». Sa circulaire du 31 mai 2011 restreint considérablement la liste des métiers ouverts aux ressortissants non européens. […]
Que dit le cardinal Guéant ? « Tout étudiant étranger a vocation à rentrer chez lui » à l’issue de sa formation. Rien de raciste, ni de xénophobe, ni même d’électoraliste au premier abord. C’est plutôt une rupture profonde avec la politique d’immigration choisie et ses relents de marché aux esclaves les plus robustes.
Panique à bord du bateau « afro-péen » : personne ne veut rentrer. Disons « pas tout de suite » ou « plus tard, quand nous serons sûrs » ou « quand ça ira mieux ».
Cela en dit long sur nos mentalités à tous. Avant de retourner chez nous, nous voulons tous les filets de sécurité dont nous avons profités ici.
Certains attendent patiemment d’acquérir la nationalité pour pouvoir rentrer pour « être sûr au cas où ».
[…] Tellement typique de cette élite mondialisée que dénonce si bien Eric Zemmour, prétendant se mouvoir partout mais ne souhaitant surtout pas se fixer chez eux. Nous acquérons des diplômes, des compétences, mais nous ne voulons les mettre à profit que dans des pays qui n’en ont besoin qu’en supplément. Mais pas dans les nôtres, qui en ont manquent cruellement. […]Nous avons eu la chance de faire nos études dans des endroits que nous finissons par prendre pour acquis. Mais ces lieux ont été bâtis pour d’autres, avec le sang des ancêtres de ces autres.
[…] Le drame de l’homme africain n’est pas tant d’être entré dans l’Histoire, c’est plutôt d’être trop entré dans l’Histoire des autres et de vouloir y squatter confortablement tout en cessant de réfléchir à la suite à donner à sa propre histoire. […]Voilà l’opportunité de changer nos pays si pauvres en tout. Peut-être que nous ne verrons pas seulement la révolution à la télé et chez les autres. Innovons, créons et surtout osons. Rentrons chez nous.
(Merci à Feeding Mars)