7 milliards d’humains fin 2011, peut-être 10 en 2100… L’explosion démographique se poursuit. Vers la fin octobre 2011, la population mondiale franchira un nouveau cap, celui des 7 milliards de Terriens. « Elle a été multipliée par 7 au cours des deux derniers siècles, et devrait continuer à croître jusqu’à atteindre 9 à 10 milliards à la fin du XXIe siècle », résume sobrement le dernier numéro de Population & Sociétés (1).
Compilant les données collectées par l’organisme indépendant Population Reference Bureau, l’Ined souligne que les 7 pays les plus peuplés totalisent aujourd’hui 3,59 milliards d’habitants, soit plus de la moitié du total mondial (tableau ci-dessous).
Quant à l’optimum démographique, le moment où la population mondiale devait atteindre son maximum avant de décroître, un rapport de l’Onu estime désormais nécessaire de reporter son échéance (2). Nous devions atteindre un maximum de 9 milliards vers 2050, mais la population continuera à croître, fût-ce au ralenti, jusqu’en 2100. À cette date, nous devrions être un peu plus de 10 milliards, et le quart de la population mondiale sera né en Afrique.
Asie : un féminicide
De telles projections, même si elles restent sujettes à caution (certains pays altérant leurs statistiques pour des raisons politiques, comme l’État philippin soupçonné de sous-estimer sa population), sont de plus en plus précises. Y ont notoirement contribué deux enquêtes nationales d’envergure colossale, les deux poids lourds que sont la Chine et l’Inde ayant réalisé cette dernière année des recensements exhaustifs de leurs citoyens.
Entre autres conséquences, il va devenir possible de mieux cerner le déficit féminin. Car les populations de Chine, d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh…, pour des raisons culturelles, ont éliminé un certain nombre de fillettes, par avortement sélectif, infanticide ou moindre investissement dans les frais de santé lors de l’enfance. Il se confirme que 100 à 200 millions de femmes manquent à l’appel.
L’Inde compte ainsi 914 filles pour 1 000 garçons âgés de moins de 6 ans, quand la Chine dénombre 118 garçons pour 100 filles (sachant que le sex ratio « naturel » à la naissance se situe plus ou moins vers 105 garçons pour 100 filles). Mais il est impossible de chiffrer précisément ce déficit au Pakistan, et celui-ci affecte aussi, à un degré moindre, un certain nombre de pays d’Asie et d’Afrique. Ses conséquences sociales, voire géopolitiques, restent difficilement estimables. Une étude indique ainsi que 24 millions de Chinois en âge de se marier ne seraient pas en mesure de trouver épouse dans leur pays.
Des données instructives
• Croissance des populations. En nombre de naissances annuelles, l’Inde (27 929 000) et la Chine (16 325 000) arrivent loin devant les autres pays. Ces dix dernières années sont nés 73,9 millions de Chinois et 190 millions d’Indiens, ce qui devrait propulser l’Inde à la place du pays le plus peuplé du monde avant 2030.
• Nombre d’enfants par femme. En tête, le Niger (7), suivi de 7 autres pays africains ; Somalie, Congo, Burkina Faso, Nigeria, Éthiopie, Côte d’Ivoire et Sénégal, qui affichent des taux allant de 6,4 à 4,7.
• Mortalité infantile. Les chiffres les plus élevés du nombre de décès annuels d’enfants de moins d’un an sont détenus par l’Inde (50 ‰, soit 1 396 000) et le Nigeria (89 ‰, soit 598 000). Le pire reste dans les pays en guerre (Afghanistan : 131 ‰). À comparer au taux record de mortalité infantile de Singapour : 2 ‰ !
• Sida. L’Afrique du Sud détient le record du nombre des personnes infectées par le VIH (4,9 millions), suivie du Nigeria (2,7 millions).
• Espérance de vie à la naissance. 83 ans pour le Japon, la France arrivant 2e ex æquo avec la Suisse, l’Australie et l’Espagne avec 82 ans. L’Afghanistan est à 44 ans.
Notes
(1) Gilles Pison, « Tous les pays du monde (2011) », Population & Sociétés, n° 480, juillet-août 2011, www.ined.fr/fr/publications/pop_soc/bdd/publication/1543/
(2) Onu, « World population prospects: The 2010 revision », mai 2011, http://esa.un.org/unpd/wpp/index.htm