«Sociologue émérite», directeur de l’Observatoire du religieux à IEP d’Aix-en-Provence, Raphaël Liogier est aussi l’initiateur du mouvement Muslim Pride. Car pour lui, il est désormais du devoir des musulmans de ne plus laisser médias et politiques les définir à leur place. Face à l’enjeu des élections présidentielles de mai prochain, Raphaël Liogier a accepté de livrer à Saphirnews sa vision du candidat Hollande, notamment sur la question des minorités culturelles.
François Hollande ne semble pas être dans des réactions épidermiques sur l’islam, mais bien dans une volonté d’échanges et de dialogue, sans déroger à une saine défense de la laïcité.
Quelle est, pour vous, la position de François Hollande sur la question des minorités culturelles ?
Il n’est pas facile de définir les positions de François Hollande, car celui-ci se montre toujours très prudent. Cette posture, très mitterrandienne, fait partie de sa stratégie et c’est normal d’avoir une stratégie lorsque l’on fait de la politique ou que l’on se présente à une élection présidentielle. Mais il a très peu abordé le thème de la diversité et des minorités dans sa campagne pour les primaires.
Comment le percevez-vous par rapport à ces anciennes prises de positions ?
Je perçois que, pour lui, la citoyenneté est une affaire de participation ; un individu qui participe à la vie de la cité est un citoyen. C’est une vision humaniste au sens de Sartre. C’est une différence avec la doctrine dominante de l’intégration et de l’assimilation.
Lors de la fête de l’Aïd, sa lettre aux musulmans est, elle aussi, révélatrice. Il y rend hommage à la fête «solidaire» qu’est l’Aïd. Le champ lexical est important dans cette lettre, il fait référence à des connotations positives qui changent de la doctrine du fantasme de l’islamisation et des images négatives qui lui sont accolées. […] Déjà en 2003, lors de la commission Stasi, il avait pointé du doigt le risque de stigmatiser uniquement les musulmans dans une loi portant sur les signes religieux à l’école. […]