La rémunération totale des dirigeants de grandes banques a progressé de 12,5% en 2010, selon AlphaValue, alors que le secteur bancaire a perdu 11,5 % de sa valeur en Bourse. Découvrez les pays d’Europe où elles sont les plus élevées et ceux où elles ont le plus augmenté.
Voilà qui ne va pas réconcilier la vox populi avec l’univers de la finance. Ni apaiser le climat social tendu au sein des banques. En 2010, la rémunération (en cash et en stock-options) des dirigeants des banques européennes – aujourd’hui appelées à se recapitaliser en urgence – a grimpé de 12,5%, à 380 millions d’euros au total, selon une étude du cabinet AlphaValue.
Non seulement cette somme est supérieure de 40% à la moyenne des autres secteurs d’activité, d’après le bureau de recherches, mais, surtout, le parcours boursier des banques n’est pas à l’avenant. L’an dernier, l’indice Bloomberg des services financiers en Europe s’est affaissé de 11,5%, soit une baisse plus importante que celle du Dow Jones Euro Stoxx 50 (-7,5%). L’écart s’est encore creusé depuis janvier, crise de la dette dans la zone euro oblige, avec une dégringolade de 30% des valeurs bancaires européennes, près de deux fois supérieure au repli du marché.
“Les hausses des rémunérations des dirigeants des banques sont en contradiction avec les baisses de valeur supportées par les actionnaires. Elles amplifient la destruction de valeur dans le secteur », s’insurge AlphaValue. Certes, après deux années de crise financière, les grandes banques avaient sensiblement redressé leurs résultats, en 2010. Mais cela n’avait pas empêché le Fonds monétaire international de tirer la sonnette d’alarme dès avril, peu après la saison des résultats annuels, en pointant l’insuffisance des fonds propres des banques européennes. “La crise bancaire actuelle montre que ces augmentations de rémunérations n’étaient tout simplement pas justifiées », insiste AlphaValue.
Des augmentations synonymes d’envolées en France, où la rémunération moyenne des dirigeants de banques a bondi de 44,8%, en 2010, alors que leurs homologues britanniques ont dû se contenter d’une hausse de 8,3%. Les états-majors des établissements allemands ont même vu leur rémunération fondre de 7%, l’an dernier. Mais les banquiers français partaient de beaucoup plus bas, avec une rémunération moyenne de 865.075 euros en 2010, selon AlphaValue, contre 3,3 millions pour leurs confrères d’outre-Rhin et 5,8 millions pour leurs pairs britanniques.
Ces derniers sont les mieux payés d’Europe (voir tableau ci-dessous). A commencer par Bob Diamond, président de Barclays. L’homme pointe à la première place du palmarès des dix PDG les mieux rémunérés du secteur bancaire européen, avec une enveloppe de 11,6 millions d’euros en 2010 (dont un tiers en cash). Ce qui représente une flambée de… 1.700% par rapport à 2009.
À noter qu’aucun PDG de banque française ne figure dans ce “top ten ». Pas étonnant, dans ces conditions, que la rémunération moyenne des grands banquiers britanniques représente entre 42 et 65 fois le salaire moyen de leurs employés, contre des multiples de 5 à 15 pour les banques françaises.