Chahira Bakhtaoui est allée à la rencontre des habitants de Lille dont la maire est Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste. Tous ont leur avis sur 2012. Certains vont voter l’année prochaine mais beaucoup ont désespéré de la chose politique.
Assetou se sent sans cesse stigmatisée, elle qui est d’origine africaine et de confession musulmane de surcroît. Parfois elle se sent française et d’autres non quand «on diabolise les étrangers».
Dans le quartier de Wasemmes, l’un des quartiers les plus populaires de la ville, situé dans le sud, j’ai rencontré Ahmed, un homme d’affaire américain de New York, d’origine algérienne. Il dirige ce fast-food hallal, Mac Dolma, qu’il est venu ouvrir pour ensuite le laisser à sa famille qui réside en France, avant de rentrer chez lui aux USA.
Il vit depuis 25 ans aux Etats-Unis et porte un regard très critique sur la France et son gouvernement actuel. De ce qu’il a observé depuis qu’il est ici, c’est «qu’un immigré est toujours considéré comme un immigré même s’il a la nationalité Française». Il condamne ainsi le délit de faciès en mettant en exergue qu’à compétence égale une personne d’origine étrangère aurait moins de chance de décrocher un emploi. […]Pour lui la solution ce n’est pas de verser un quelconque RSA. Selon Ahmed, il n’y a pas de rêve français, rien ne pousse au travail. […]
Dans le quartier de Lille-Sud, je rencontre deux jeunes : Sidibe et Ali. La principale préoccupation de Sidibe et Ali c’est le chômage. […]Côté Politique, ils ne croient pas trop au changement même s’ils se qualifient comme appartenant idéologiquement à la gauche. Mais pour Ali, au fond, droite ou gauche, ils seraient tous dans le même sac, ils ne comptent donc même pas voter. Quant à Sidibe, lui compte bien voter, pour lui ce droit reste important.
Maryline, 57 ans en préretraite, ne s’intéresse plus à la politique [….].A son âge, il est difficile de retrouver un emploi dit-elle, alors pour joindre les deux bouts elle travaille au Club-Med ou dans des cafés-brasserie. [….]