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Le surprenant mouvement des 99% ou “Occupy Wall Street ” défie les “nantis” de la finance. Le moral des ménages américains est miné par un taux de chômage record.

Dollar en baisse - Chômage - Effondrement du crédit - Prix de l'essence - Prix alimentaires - Saisies immobilières / "Vous serez heureux d'apprendre que, techniquement, nous ne sommes pas en récession !" (caricature américaine)

Nous sommes expulsés de nos maisons. Nous sommes contraints de choisir entre le loyer et la nourriture… Quand nous travaillons, c’est pendant de longues heures, pour des salaires misérables. Nous n’avons rien alors que les 1% restants prennent tout. Nous sommes les 99% ».

Dans un pays où le droit à la réussite individuelle est ancré dans la psyché collective, où la foi en l’avenir est l’un des fondamentaux de cette nation de pionniers, le mouvement des 99% ou “Occupy Wall Street” qui défie « les nantis » de la finance depuis quinze jours, si minime soit-il pour l’instant, n’en reste pas moins surprenant.

Tout à la fois peste et choléra, c’est le taux de chômage de 9,1% qui non seulement ne baisse pas mais devrait même passer à deux chiffres selon certains économistes, qui ronge les Etats-Unis de l’intérieur. Le plus élevé depuis presque 30 ans. A ce triste état de fait viennent s’ajouter des revenus en baisse de 0,1% en août comme l’a annoncé vendredi dernier le département du commerce. Une première depuis octobre 2009.

De fait, la consommation des ménages américains, cette “driving force” (pilier) de l’économie du pays, puisqu’elle compte pour 70% du PIB a stagné en terme réels au mois d’août et devrait continuer à rester atone quelques années encore tant la crainte du futur ronge une partie des foyers américains. Même si l’enquête mensuelle de l’université du Michigan publiée vendredi fait valoir une hausse du moral des ménages (59,4 en septembre contre 57,8 attendus) c’est l’exception qui semble confirmer la règle. Car l’autre indice de confiance des consommateurs du réputé Conference Board, met lui en lumière le fait que le moral des ménages est bien déprimé: depuis le mois de juillet il a chuté de 59,2 points à 45,5.

« Récession ». Le terme revient régulièrement chez les économistes bien sûr, mais aussi dans les foyers. Absurde pour les uns car il n’y a pas eu techniquement deux trimestres consécutifs de baisse de la croissance ; réalité qui ne dit simplement pas son nom pour les autres. Nouriel Roubini, “le prophète de la crise de 2008” en tête. Pour lui, la question n’est d’ailleurs pas de savoir si les Etats-Unis sont entrés en récession, mais plutôt de savoir quelle en sera l’ampleur.

A l’instar de la “décennie perdue” du Japon

Cette inquiétude se retrouve dans toutes les strates de la société. “Les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent. Et au milieu la classe moyenne trinque », a martelé Richard Trumka, ancien patron de la fédération des travailleurs, lors d’une conférence à la Brookings Institution, un think tank de Washington. « 50 millions de foyers dépendent entièrement des food stamps [bons d’alimentation] ».

Des foyers qui peinent à se désendetter tout comme à se constituer un bas de laine. Le taux d’épargne outre-atlantique est même à son plus bas niveau depuis deux ans. “En conséquence, estiment les analystes du cabinet RDQ Economics, il semble fort improbable que les consommateurs soient à même de contribuer à la reprise ». Certains économistes s’accordent même à dire que ce que traversent aujourd’hui les Etats-Unis ressemble à la “décennie perdue” au Japon dans les années 90.

La Tribune

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