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Le récent débat sur l’identité nationale apparaît comme un véritable cas d’école pour qui veut comprendre l’essence de la politique-spectacle moderne.

On a ainsi pu voir, l’espace de quelques mois, la droite libérale feindre (avec une jubilation perverse) défendre l’idée qu’aucune société au monde, quelle que soit la diversité ethnique et religieuse de ses composantes, ne pourrait vivre humainement sans un minimum de valeurs morales et culturelles partagées, dont une partie importante avait forcément été léguée par l’histoire (idée qui constituait, depuis le XIXe siècle, l’une des bases essentielles de la critique socialiste des théories du contrat social et de la commercial society).

Et, en même temps, la gauche tout entière (le pauvre Olivier Besancenot en tête) fondre aussitôt sur cette idée « nauséabonde » – comme le taureau sur la muleta – sans même s’apercevoir (du fait de son inculture historique abyssale) qu’elle se retrouvait, du même coup, médiatiquement contrainte de reprendre publiquement à son compte l’idéal de neutralité axiologique du Medef (lequel, comme chacun sait, n’a jamais été un partisan acharné de la fermeture des frontières, du protectionnisme économique ou de l’« exception culturelle »).

Moyennant quoi, la droite pouvait alors tranquillement battre en retraite (comme ses communicants l’avaient programmé dès le départ de l’opération) tout en engrangeant les bénéfices réels de cet habile psychodrame. Car cette initiative purement politicienne n’avait évidemment pas d’autre but que de prouver à l’électorat populaire que ce sont bien les élites de gauche (ses artistes, ses journalistes et ses intellectuels bien-pensants) qui sont les seules responsables des effets moraux et culturels désastreux de la mondialisation libérale – autrement dit‚ de la destruction capitaliste de toutes les identités existantes.

Comme le confiait d’ailleurs cyniquement Nicolas Sarkozy, « le theme de l’identité nationale, (c’est un débat très porteur pour nous. C’est un chiffon rouge. Il suffit de l’agiter pour que la gauche fonce dessus. Et c’est tout bénéfice pour nous » (Le Canard Enchaîné, 11 novembre 2009).

« Le complexe d’Orphée » de Jean-Claude Michéa

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