Reportage au cœur d’un «quartier multiethnique», Château-Rouge, où plus de trente nationalités se côtoient, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Lorsqu’on veut montrer à nos enfants ce qu’est l’Afrique, on les amène à Château-Rouge. Un quartier multiethnique : au premier coup d’œil, pas un «Gaulois» en vue.
À l’image de Mariam Fofana, Ivoirienne, des milliers d’Africains arpentent les rues de Château-Rouge, au cœur du XVIIIe arrondissement de Paris, pour y trouver l’ambiance de tout un continent. La population de ce quartier commerçant peut doubler ou tripler dans la journée, surtout les samedis après-midi. Dans le petit triangle de rues qui le composent, on se bouscule, on s’interpelle, on discute. À la Jolie Afrique, Au Marché de Côte d’Ivoire, Au Togo exotique : sous leurs enseignes pittoresques, les petits magasins imbriqués le long des rues ont pour certains acquis une notoriété qui dépasse les frontières de la capitale. […]
Si le dépaysement peut plaire aux passants, le quartier pâtit aussi d’une très mauvaise réputation, qui nourrit certains fantasmes : la cohabitation entre communautés n’est pas toujours facile. […]
La «boboïsation» du quartier paraît inéluctable. Les «bobos» s’y installent non seulement pour le prix du quartier, l’un des moins élevés de Paris, mais aussi pour y trouver une ambiance. «Ils viennent s’encanailler à Château-Rouge», s’amuse Adrien, qui retape un appartement rue Poulet pour un couple d’artistes. La mixité, les vendeurs à la sauvette, la prostitution ne semblent pas leur poser de problème.
Marion, jeune propriétaire de 28 ans, hôtesse de l’air, habite juste au-dessus d’un regroupement de vendeurs à la sauvette. «Je ne peux pas dire que je suis passionnée par ce quartier, mais ça ne me dérange pas. Je découvre une autre gastronomie : les safous, les épices… Ici, il y a une fluidité de contact, tout le monde se tutoie, on mange un truc ensemble. C’est un quartier atypique.» […]