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La banque centrale des États-Unis (Fed) commence à préparer les esprits à la possibilité d’un nouvel assouplissement monétaire d’envergure qui la verrait injecter de nouveau des liquidités en masse dans le système financier.

Depuis la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), les 20 et 21 septembre, pas moins de six membres de cette instance qui en compte actuellement dix-huit ont déclaré que la Fed devrait se lancer dans de nouveaux achats de titres sur les marchés financiers ou pourrait être amenée à la faire compte tenu de la faiblesse de la croissance et des risques posés par la crise européenne.

Fait notable, deux d’entre eux, Sarah Bloom Raskin et Daniel Tarullo, membres du directoire de la Fed, sortent très rarement en public de leur domaine de spécialité, la régulation, pour parler de politique monétaire.

Économie US en train de s’enliser

M. Tarullo a ainsi estimé jeudi que l’économie américaine était en train de “s’enliser “. Pour lui, le Congrès étant incapable de s’entendre sur un plan de relance budgétaire, face à un taux de chômage qui reste obstinément élevé (9,1%), la Fed n’a d’autre choix que d’agir.

De l’automne 2008 à la fin du mois de juin, la Fed a déjà créé de la monnaie à hauteur de 2.300 milliards de dollars en rachetant pour autant d’obligations du Trésor américain et de titres adossés à des crédits immobiliers.

Un des buts de ces rachats était de faire baisser les taux d’intérêts à long terme, pour stimuler l’investissement, et de soutenir le marché de l’immobilier, à l’origine de la crise.

La croissance économique peine

Bien que les taux longs aient effectivement baissé nettement, le marché de l’immobilier ne s’est toujours pas relevé et croissance économique peine.

Elle semble s’être accélérée au troisième trimestre, mais tous les dirigeants de la Fed ou presque estiment qu’elle ne pourra pas faire baisser véritablement le chômage d’ici à la fin de 2012, et que l’inflation ne présente pas de menace.

En septembre, la Fed a décidé d’assouplir encore un peu plus sa politique monétaire, mais sans créer de monnaie, en jouant sur la composition de son portefeuille de titres de façon à essayer de faire baisser un peu plus les taux longs, tout en maintenant les taux à court terme au plancher avec son taux directeur quasi nul.

Cinq membres au moins du FOMC s’y sont opposés, arguant que l’on n’augmente pas le concours monétaire à l’économie lorsque celle-ci s’améliore, quand bien même seulement légèrement, que l’action de la banque centrale semble avoir atteint ses limites, ou encore que cela va compliquer considérablement le retour à une politique monétaire normale.

D’autres, comme Charles Evans, président de la Fed de Chicago, voulaient au contraire que la Fed en fasse encore plus.

Bernanke père de la réponse

Vendredi, c’est la vice-présidente de la Fed, Janet Yellen, qui s’est déclarée ouvertement en faveur de nouveaux rachats de titres, dans le cas où les perspectives économiques des États-Unis viendraient à se “détériorer considérablement“, hypothèse qu’elle juge crédible au vu de ce qui se passe en Europe.

Père de la réponse de la Fed à la crise et arbitre du FOMC, le président de la Fed Ben Bernanke n’a pas pris position sur le sujet, mais il a indiqué que la Réserve fédérale était prête à tout pour soutenir la reprise en cas de besoin et que les rachats de titres étaient l’un des outils à sa disposition.

M. Tarullo a jugé que la Fed devrait racheter des titres adossés à des crédits immobiliers. Pour Michael Gapen, de Barclays Capital, le FOMC ne devrait pas le suivre lors de sa réunion des 1er et 2 novembre, mais il est clair que cette proposition va être “discutée activement” dans les mois qui viennent.

Romandie News

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