Privé de visa helvétique pour une partie de sa délégation attendue à Genève, le président zimbabwéen Mugabe menace de s’en prendre aux entreprises suisses installées sur son sol. Décryptage d’une offensive anti-occidentale.
Robert Mugabe est en colère contre la Suisse. Motif: la Confédération n’a pas accordé de visa à une partie de la délégation du Zimbabwe attendue à Telecom World – une conférence de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui vient de se tenir à Genève – dont son épouse, le ministre des Affaires étrangères ou le ministre des Télécommunications.
Maintenant, ils (les Suisses, NDLR) montrent qu’ils sont vicieux et nous leur rendrons la pareille, car ils ont leurs propriétés ici. Nous ne sommes pas sans moyens pour rendre la pareille”, menace le président zimbabwéen.
Le Président zimbabwéen Robert Mugabe
Cette politique d’indigénisation est l’équivalent de l’invasion des terres des fermiers blancs lancée en 2000. Mais elle se heurte à des questions pratiques encore plus aigües qu’avec les fermes : comment les faire tourner [les entreprises occidentales, NDLR] sans les anciens propriétaires ?
Reste que depuis l’expropriation des fermiers blancs et des réactions ulcérées des pays occidentaux, Robert Mugabe se montre de plus en plus intraitable à leur égard […] Le procureur général du Zimbabwe vient d’ailleurs d’annoncer qu’il envisage de porter plainte contre l’Union Européenne pour les sanctions adoptées à l’encontre de son pays.[…] […] Toujours considéré comme un libérateur et un résistant aux anciennes puissances coloniales par ses pairs africains, Robert Mugabe profite aussi de l’attrait économique croissant pour l’ensemble du continent :
Nous allons nous détourner de l’Ouest où le soleil se couche pour nous tourner vers l’Est ou le soleil se lève.” (Robert Mugabe)
[…] S’il a une possibilité de nationaliser les entreprises occidentales pour offrir le même créneau à un partenaire plus complaisant, il n’hésitera sans doute pas d’après Stephen Smith.swissinfo.ch – 04/11/2011