Article de Marwan Muhammad sur des Africains, pour la plupart clandestins, qui campent après la destruction de la Tour Balzac qu’ils squattaient à la Courneuve (93).
Quelle indécence et quelle arrogance faut-il pour soutenir la dépense du moindre euro à la sauvegarde d’un patrimoine militaire sans objet tandis que ceux-là mêmes que l’on est censés protéger font le deuil de leur dignité la plus élémentaire ?
Comment peut-on oser présider fièrement un pays dont on se fiche des souffrances les plus quotidiennes ? Quel goût a le saumon de l’Élysée les soirs d’hiver où le SAMU social ramasse des morts ? […] Ils ont des papiers pour une minorité d’entre eux. Les autres sont irréguliers. Beaucoup travaillent. Domiciliés à des anciennes adresses ou chez des amis. […]
Ils n’ont pas toujours été dans la rue. Ils avaient trouvé refuge dans la tour Balzac jusqu’à sa destruction. Ils y sont d’abord rentrés sans autorisation, puis ont stabilisé leur situation en commençant à payer des loyers, mais la situation n’était pas faite pour durer et ils se sont retrouvés à la rue. Expulsés. Déplacés. Abrités temporairement. Dispersés. Traînés par terre. Réfugiés. […]
Certaines associations viennent avec «l’envie d’aider». […] Plusieurs d’entre elles se sont servies de la situation des réfugiés pour s’arroger un rôle de coordinateur ou pour renforcer leur image militante, avant finalement de disparaître du terrain dès lors qu’ils n’ont plus d’avantage à tirer de la situation.
Quand il y a des distributions de cadeaux, on se dispute pour s’attribuer les colis. Ça ne va jamais bien loin, mais ça tranche avec l’idée quasi-coloniale dans son fondement qui voudrait que ces noirs se mettent en ordre pour la distribution et chantent les louanges de leurs bienveillants civilisateurs : nous. […] FoulExpress