Mourad Cherif, prof à l’université Paris-XIII de Villetaneuse, a été incarcéré pendant trois nuits à la place d’un autre aux Etats-Unis. Il raconte ce « cauchemar kafkaïen ».
«Je ne reviendrai pas de sitôt aux Etats-Unis », lâche-t-il dans un rictus crispé. Mourad Cherif se faisait pourtant une joie de traverser pour la première fois l’Atlantique. Professeur-chercheur à Paris-XIII (Villetaneuse) depuis vingt ans, directeur du département de physique à l’Institut Galilée depuis bientôt trois ans, il se rendait il y a une semaine avec deux collègues au Congrès mondial des matériaux magnétiques qui se déroulait cette année à Phoenix, Arizona. Mais il n’y est jamais arrivé.
Son avion s’est posé à Phoenix le dimanche 30 octobre, à 18 h 30 heure locale. « A ma grande surprise, on m’a conduit directement vers le bureau de l’immigration. Deux policiers du FBI m’ont signifié mon arrestation pour fraude à l’assurance et fausses déclarations à l’immigration et m’ont mis les menottes. J’ai découvert qu’un mandat d’arrêt international avait été lancé en 2006 dans l’Iowa à mon encontre et que depuis j’avais Interpol à mes trousses.»
En août 2001, alors que Mourad Cherif participait à un congrès de chercheurs à Grenoble, un homme est entré aux Etats-Unis sous son identité et a commis un délit, en travaillant et en bénéficiant de prestations sociales alors qu’il se prétendait étudiant. « J’ai tout de suite fait la relation avec le cambriolage et le vol de mes deux passeports français et algérien dont j’ai été victime en 1999 à mon domicile, explique l’enseignant. Mais je me suis retrouvé pris dans la machine judiciaire, obligé de prouver que je n’étais pas cet homme, et je suis parti en prison. » (…)