Près de deux millions d’entrées pour sa première semaine en salles. “Intouchables” s’annonce comme le nouveau carton du cinéma français. Héros du film, Omar Sy illustre l’évolution de la représentation des noirs dans le cinéma français. […]
Si les scénaristes proviennent d’un seul groupe social ou d’un seul groupe ethnique, le résultat à l’écran ne serra pas conforme à la réalité de notre pays.” – François Durpaire
Atlantico : Ce rôle d’Omar Sy marque-t-il une rupture avec la représentation des noirs dans le cinéma français ?
François Durpaire : Je pense qu’il marque une évolution. Les noirs sont plus présents dans le cinéma français qu’auparavant. Les écrans sont moins monochromes qu’ils ne l’étaient il y a une quinzaine d’années et reflètent davantage la société française.
Mais la question ne touche pas seulement aux acteurs. Le vrai défi aujourd’hui est de renforcer la diversité des personnes présentes autour de la table lors de l’écriture des scénarios et de la conception des projets culturels. Si les scénaristes proviennent d’un seul groupe social ou d’un seul groupe ethnique, le résultat à l’écran ne serra pas conforme à la réalité de notre pays. […]
La communauté asiatique (qui ne correspond pas à un ensemble homogène) est, sans jugement de valeur, surtout intégrée à elle-même ; elle fonctionne de manière communautaire.” – François Durpaire
Un dernier mot sur les discriminations : on parle beaucoup du manque de visibilité au cinéma ou à la télévision des noirs et des arabes. Mais pourquoi n’évoque-t-on jamais la quasi absence d’asiatiques sur les écrans français ?
Je suis d’accord avec vous : cela pose problème. C’est comme s’ils étaient en marge de la société nationale et que ça n’avait l’air de gêner personne. C’est une minorité visible encore plus invisible que les autres finalement.
Cela tient peut être paradoxalement, au degré d’intégration des communautés. La communauté asiatique (qui ne correspond pas à un ensemble homogène) est, sans jugement de valeur, surtout intégrée à elle-même ; elle fonctionne de manière communautaire. Mais il s’agit là d’une question tout à fait légitime qui concerne tous les enfants dont les parents sont issus de l’immigration vietnamienne ou cambodgienne.