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Le dernier colloque organisé par le «Pari(s) du vivre ensemble», initié par Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, les 30 septembre et 1er octobre derniers, posait la question d’une France post-coloniale. Quelques interventions.

Ignorants, paresseux, voleurs : les clichés racistes à l’encontre de certaines minorités françaises, seraient-ils le pur produit de l’expérience coloniale hexagonale ?

Pour Nicolas Bancel, professeur à l’Université Strasbourg II Marc Bloch, «les préjugés des colons français à l’encontre des populations ‘indigènes’ n’ont certainement pas disparu subitement après la décolonisation. D’où une possible réactivation de cet imaginaire colonial aujourd’hui en France». […]

Salima Amari, doctorante, chargée de cours à l’université Paris 8 : «Comme à l’époque coloniale, la femme orientale est aujourd’hui encore présentée comme inférieure et soumise, potentiellement battue, mariée de force ou contrainte à porter le voile.[…] »

Des stéréotypes coloniaux également perceptibles dans les discours actuels de certaines féministes françaises. «Ainsi, pour nombre d’entre elles, la femme musulmane doit être émancipée malgré elle. D’où leur soutien inconditionnel à la loi récente sur l’abrogation du voile», déplore Esther Benbassa, en condamnant la pétition lancée en décembre 2003 par le magazine Elle pour soutenir une telle interdiction.

Sylvie Thénault, chargée de recherche au Centre d’histoire sociale du XXe siècle : «Toutefois, gare à ne pas noyer la question complexe et actuelle des racismes dans le seul post colonialisme, car il existe un panel de manifestations violentes, nationalistes et xénophobes dans notre pays qui dépasse ce strict cadre».

Pour Vincent Geisser, chargé de recherche à l’Institut français du Proche-Orient, en citant pour autre exemple les propos récents du premier ministre François Fillon sur le manque d’acculturation aux valeurs françaises d’Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, d’origine norvégienne : «Toutes ces déclarations sont le fruit d’un processus typiquement xénophobe de construction d’un autre, considéré comme impur, qu’il soit juif, tsigane ou musulman. Et elles relèvent davantage d’un soubassement ethnique de l’universalisme français. Autrement dit d’un rapport très spécifique, à la fois mythique et imaginaire, à l’identité française largement antérieur aux temps coloniaux». Un racisme «à la française» bien plus structurel qui logerait finalement tous les minorités à la même enseigne.»

Respect Mag

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