C’est l’histoire d’un mec qui a tout gâché. L’histoire d’un mec – devenu secrétaire général de la CGT des dockers et des entreprises de propreté – qui défend corps et âme les travailleurs à longueur d’année et qui pourtant n’a pas hésité, cette fois, à les exploiter.
Kamel Djeffel, 36 ans, une femme, trois enfants, et un rêve. L’envie chevillée au corps d’une ascension sociale qu’il parviendra à s’offrir grâce à la bulle immobilière. Des studios achetés une bouchée de pain et retapés. De plus value en plus value, il se constitue un capital et s’offre un mini-palace à Bouc-Bel-Air que les gendarmes, durant l’enquête, avaient même surnommé “la maison de Scarface” (en référence au célèbre film avec Al Pacino en Tony Montana, Ndlr) tant elle se voulait luxueuse.
Mais si Kamel avait du pif, il a cruellement manqué de rigueur. “Il y a quelque temps, j’ai eu un redressement fiscal“. Le fisc lui demande près de 600 000 euros. Game over, donc.
Si une majorité des gens auraient jeté leurs cartes et tout revendu, lui s’enferre et joue le bluff, entre 2008 et 2009, auprès des artisans à qui il commande des travaux pharaoniques. “Je n’ai jamais vu quelqu’un avec autant d’audace“, se plaint l’une des parties civiles à la barre, qui a perdu 19 000 euros dans l’affaire. De lourdes sommes escroquées à de multiples professionnels qui n’ont jamais pu encaisser les chèques en bois de Kamel. “Il nous a roulés dans la farine, et il ne se rend pas compte du mal qu’il a fait, il m’a anéantie. Aujourd’hui, je suis au RSA.” Un autre plaignant, et son voisin en l’occurrence, en rajoute une couche : “Les travaux n’ont jamais cessé, et ils ont même redoublé.”
Le procureur Vanbremeersch parle d’un “mécanisme” piloté par un homme qui “porte beau”, qui a été “soucieux d’acquérir une aisance sociale, mais peut-être un peu trop vite, et surtout pas vraiment en adéquation avec ses valeurs CGTistes. Parce qu’un investisseur CGTiste, ça ne se voit pas tous les jours ...” (…) Délibéré à venir.