Mohamed Ourya publie une tribune libre sur l’identité nationale marocaine dans Yabiladi.
Est-il donc besoin pour le peuple marocain, fort de l’unicité de son rite religieux et de l’authenticité de sa civilisation, d’importer des rites cultuels étrangers à ses traditions ? Nous ne le tolérerons pas, d’autant plus que ces doctrines sont incompatibles avec l’identité marocaine spécifique. (Mohammed VI, 30 juillet 2003)
Le retour en force des discours sur «l’identité nationale», «l’imaginaire national», «le grand récit national», et avant cela le Volkstum , est assez palpable depuis plusieurs décennies. En témoignent les titres des ouvrages parus récemment , ainsi que les débats politiques sur la question, versant à plusieurs occasions dans la xénophobie ou l’islamophobie comme en France, ou en douceur comme dans l’espace russe après l’éclatement de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) en 1991.
Le débat s’avère pertinent, d’autant plus que ces étrangers venus d’ailleurs sont porteurs de marqueurs identitaires et religieux, autres que celui judéo-chrétien occidental, une des principales sources du Moi occidental moderne. Toutefois, si la présence de l’Autre a perturbé l’identité nationale en Occident, l’éthos national marocain, quant à lui, semble insensible aux appréhensions susceptibles d’être générées par la présence d’un étranger, religieusement et moralement différent. D’ailleurs, d’un point de vue juridique, il reste difficile pour cet étranger d’acquérir la nationalité marocaine. […]
La question de la religion comme constituante de l’identité nationale ne concerne pas seulement des pays de l’espace arabo-musulman, comme le Maroc, que plusieurs sondages classent comme les pays les plus religieux du monde . D’ailleurs, pour le cas de la Pologne par exemple, l’équation, «Polonais égale Catholique», reste un des grands classiques de l’identité polonaise. […]